Seïf Al Islam Kadhafi, fils de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi dans le sud de la Libye, a annoncé hier le ministre de la Justice et des droits de l'Homme au Conseil national de transition (CNT), Mohammed Al Allagui. Selon les informations de l'agence Reuters, il a été arrêté près de la ville Obari, une localité située au sud-ouest de l'oasis de Sebha. Agé de 39 ans, Seïf Al Islam Kadhafi était recherché depuis la chute du régime (en août) et la mort de son père (en octobre). Selon différentes sources, il aurait été vu au Niger ou au Mali. La Cour pénale internationale, qui avait lancé un mandat d'arrêt international contre lui pour «crimes contre l'humanité» avait indiqué être en contact informel avec lui ces dernières semaines. Il aurait même été prêt à se rendre, craignant pour sa vie. Seïf Al Islam, qui était considéré comme le successeur probable de Moammar Kadhafi, a été arrêté, selon Associated Press, à Obari, une ville du désert proche de Sabha, à environ 650 km au sud de Tripoli, avec deux fidèles qui tentaient de le faire passer clandestinement au Niger voisin, a précisé de son côté, hier, le chef des brigades Zintan, Bachir Al Tlayeb lors d'une conférence de presse. Il n'a pas donné de détails sur les circonstances de sa capture, ajoutant seulement qu'il avait été conduit à Zintan, ville d'origine de l'une des principales brigades révolutionnaires du pays. Une image de la télévision libyenne a montré Seïf Al Islam Kadhafi allongé sur un lit avec une main bandée. Selon le ministre de la Justice libyen, quatre gardes du corps se trouvaient avec lui, mais pas d'autres responsables de l'ancien régime. Ils ont ensuite été transférés dans la ville de Zentane, plus au nord. Selon un combattant de la brigade Khaled bin al Walid, Seïf Al Islam a été capturé sur la foi d'un renseignement indiquant qu'il se trouvait dans le secteur d'Obari depuis un mois. «Ils (lui et ses hommes) ne pouvaient pas partir de là parce que nous avions pris nos dispositions», a déclaré ce combattant, Wissam Doughali, ajoutant que Seïf Al Islam circulait à bord d'un 4x4. Il appartiendrait désormais au Conseil national de transition (CNT), l'exécutif provisoire mis en place par les anciens insurgés, de décider du lieu où Seïf Al Islam sera jugé, ont indiqué les commandants libyens. Quant à l'ancien directeur du renseignement libyen Abdullah Senoussi, recherché également par la CPI, son sort reste inconnu. Né en 1972, Seïf Al Islam était le plus âgé des sept enfants de Mouammar Kadhafi. C'était le dernier des fils de l'ancien dirigeant libyen dont on ignorait encore le sort. Considéré comme le probable dauphin du colonel Kadhafi, il était introuvable depuis la chute de Tripoli, tombée fin août aux mains des insurgés qui ont renversé le régime de son père. Transféré à Zentane,il se dit en bonne santé Seïf Al Islam Kadhafi a déclaré hier à Reuters qu'il était bien portant, après son arrestation dans le sud de la Libye, et il a précisé que les blessures à sa main droite étaient dues à un raid aérien de l'Otan remontant à un mois. Prié par une journaliste de Reuters, à bord de l'avion cargo de fabrication russe qui le conduisait à Zentane, dans le nord-ouest de la Libye, de dire s'il était bien portant, il a succinctement répondu par un «oui». Interrogé sur les bandages qu'il porte à plusieurs doigts de la main droite, le fils de Kadhafi, âgé de 39 ans, a dit : «Armée de l'air, armée de l'air.» A la question de savoir s'il s'agissait d'un raid de l'Otan, il a répondu par l'affirmative : «Oui, il y a un mois». Des membres de l'entourage de Mouammar Kadhafi avaient déclaré que le convoi de Seïf Al Islam avait été pris dans un raid aérien de l'Otan alors qu'il tentait de fuir le bastion de Bani Walid, tenu par le régime, le 19 octobre, soit la veille de la capture et de la mort du numéro un libyen à Syrte. Après leur bref échange avec le prisonnier à la barbe fournie, les journalistes de Reuters ont estimé ne plus douter qu'il s'agit de Seïf Al Islam. A l'arrivée à Zentane, la foule qui s'était massée à l'aérodrome exerçait une menace telle que Seïf Al Islam n'a pu quitter l'appareil pendant un long moment.