A deux semaines de la tenue des élections qui détermineront la manière par laquelle le dossier des œuvres sociales du secteur de l'éducation nationale sera géré, le Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) accuse le département de Boubkeur Benbouzid d'«avoir enfreint les lois de la République». «Nous allons saisir prochainement le conseil d'Etat pour illégalité des lois», a déclaré hier Boualem Amoura, secrétaire général du Satef, lors d'une conférence de presse organisée au siège du syndicat à Tizi Ouzou. Après avoir pris connaissance de la circulaire ministérielle n°618 du 15 novembre dernier portant sur l'organisation des élections du 7 décembre prochain, la Satef explique qu'elle (la circulaire n°618, ndlr) est en contradiction totale avec le décret présidentiel 303/82. «Pourtant, dit-il, l'élaboration de la circulaire a fait référence au décret 303/82». Ainsi, «le décret en question datant de 1982, qui est encore en vigueur, stipule qu'une liste de membres désignés est soumise à l'approbation du FLN avant qu'elle entame son travail, alors que la nouvelle circulaire parle d'élections». L'autre anomalie est relative à la composante de la commission de wilaya. En effet, la dernière circulaire stipule que le président de la commission est assisté par deux adjoints alors que la 303/82 limite à un seul adjoint les assesseurs du président de la commission. «La circulaire ne peut en aucun cas abroger un décret présidentiel, c'est pourquoi il faudrait d'abord commencer par l'abrogation de ce dernier avant la promulgation d'une autre loi», insiste le même interlocuteur. Se félicitant de l'abrogation en août dernier de la circulaire ministérielle 158/94 qui avait octroyé la gestion des œuvres sociales à l'UGTA, le Satef se demande pourquoi on refuse d'abroger le décret présidentiel 303/82. «Où est le respect de la loi ?», écrit-il dans une déclaration remise à la presse. A notre question relative aux tergiversations de la tutelle à abroger ce décret, le conférencier répondra qu'il s'agirait à son propre avis de «maintenir le garde-fou contenu dans l'article 26 du décret, pour barrer la route à certaines parties proches de la mouvance islamiste intégriste capables de s'emparer de l'argent des œuvres sociales». Bien qu'il appelle les travailleurs à voter massivement pour la gestion décentralisée des œuvres sociales, c'est-à-dire par les établissements, le représentant du Satef qualifiera cette joute électorale de «mascarade». Pour lui, «organiser deux élections en une seule fois relève purement de l'invention. C'est du jamais vu !» dit-il. C'est pourquoi il réitérera l'une des revendications chères au Satef, à savoir l'organisation d'un référendum avant toute élection. Par ailleurs, M. Amoura a fait savoir qu'au niveau du ministère de l'Education, on veut en finir avec ce dossier au plus vite possible, mais, «ce n'est pas au détriment des travailleurs, avertit-il, car les gens ne veulent pas qu'on leur demande des comptes. Il y a à boire et à manger dans la gestion antérieure des œuvres sociales». «Il s'agit en effet de plus de 4000 milliards de centimes, et des cadres même au niveau du ministère veulent sauver leur peau», dira M. Amoura, sans plus de précisions. À ce sujet, il promettra de demander des comptes à l'UGTA sur la gestion assurée entre 1994 et 2011. «L'argent des travailleurs doit être restitué», tranche-t-il. Le Satef se lance dans une «bataille juridique» en saisissant le conseil d'Etat. Il reste, cependant, confiant à ce que la gestion de cet épineux dossier reviendra aux établissements. «Je peux vous dire que l'option de la gestion décentralisée l'emportera lors des prochaines élections», estime M. Amoura.