François Bracci serait-il effectivement le roi des derbys algérois ? La question est lancinante dans la tête de ceux qui en ont douté jusque-là et qui doivent se rendre à l'évidence qu'il y a une petite part de mysticisme dans cette réussite enchaînée de l'entraîneur corse qui a aligné, samedi soir, son deuxième succès sur deux derbys depuis son retour, il y a moins d'un mois, aux commandes du Mouloudia. Son sourire en coin, hier soir à la sortie des vestiaires, répondait en quelque sorte et à sa manière à l'inévitable interrogation des journalistes : «Je suis fier d'être qualifié de roi des derbys mais surtout heureux que mon équipe ait remporté ce match, car on avait avant tout besoin des trois points de la victoire, et un derby vaut trois points comme tous les autres matches.» Le coach mouloudéen faisait quand même part de sa grande satisfaction par rapport à la dimension de son adversaire de ce samedi : «C'est vrai, cependant, que cette victoire à une saveur particulière car, gagner face au leader du championnat et qui plus est face à l'équipe qui comporte les meilleurs joueurs du moment, c'est formidable.» «Il fallait asphyxier le milieu de terrain usmiste» François Bracci nous avoué qu'il a, depuis longtemps, préparé ce match dans sa tête et encore plus particulièrement la veille du derby, où il a pratiquement passé une nuit blanche à cogiter dans tous les sens la meilleure formule pour contrer cette grosse cylindrée qu'est l'USM Alger : «J'avais l'intime conviction que le meilleur moyen de battre l'USMA c'était d'asphyxier son milieu de terrain qui est le point fort de l'équipe. Et c'est ce que j'ai fait en renforçant notre milieu par l'incorporation de Djaghbala qui a parfaitement tenu son rôle. Bien sûr, pour cela, il a fallu faire des sacrifices et laisser sur le banc un très bon attaquant comme Daouadi. Mais c'était ça ou se mettre en difficulté.» Bracci a eu comme on dit l'œil de lynx sur ce coup-là et pas seulement… puisque sur la suite son intuition lui a aussi donné raison. Notamment dans le changement, on ne peut plus audacieux, qu'il a opéré dans le dernier quart d'heure en incorporant un attaquant de pointe à la place de Attafène, alors que n'importe quel autre entraîneur, à ce moment précis du match et vu le score, aurait fait rentrer un défenseur à la place du milieu offensif pour préserver le résultat. L'explication de l'entraîneur mouloudéen est à ce propos très pragmatique : «J'ai choisi de faire rentrer Oussalé pour maintenir la pression sur la défense de l'USMA. Cela les a obligés à maintenir une arrière, au lieu de libérer tout le monde et lancer les défenseurs vers l'avant comme ils l'ont fait face à Saïda où c'est d'ailleurs un défenseur qui a marqué le but dans la victoire dans le temps additionnel.» «Sur le plan physique on a beaucoup progressé» La grande satisfaction de ce match pour François Bracci aura aussi été le côté physique de son équipe qui avait constitué sa principale inquiétude lorsqu'il est arrivé : «Mes joueurs ont prouvé dans ce match qu'ils sont désormais capables de jouer intensément 75 à 80 minutes. Il nous reste, à présent, à les faire arriver à 90 minutes pleines. On va continuer à travailler là-dessus. «Et en quittant le stade, François Bracci nous avisait que «maintenant il faut oublier ce match et penser au suivant que nous allons jouer face au CRB, car en football il faut toujours penser au match suivant surtout quand on sait qu'on va partir très diminués par les absences de Babouche, Koudri et Ghazi qui manqueront le prochain derby en raison des cartons jaunes qu'ils ont pris aujourd'hui.» Et si par miracle Bracci parvient avec une équipe décimée à remporter son match face au Chabab de Belouizdad qui pourra alors lui dénier le statut de roi des derbys ?