L'ONG de lutte contre la corruption Transparency International (TI) a rendu public, jeudi, son indice de perception de la corruption à travers le monde pour l'année 2011. A la lecture du rapport, l'Algérie a reculé de 7 places, passant de la 105 e à la 112 e place dans le classement des 182 pays touchés par cette endémie. L'Algérie demeure dans ce classement comme l'un des pays les plus corrompus au Maghreb et dans le monde arabe. Ainsi et selon l'indice de perception de la corruption 2011 de Transparency International, l'Algérie arrive loin derrière ses deux voisins, le Maroc et la Tunisie, et très loin des pays du golfe. Cette mauvaise place illustre, selon l'ONG, les carences des mécanismes de lutte contre ce fléau mis en place par les autorités. Le fléau de la corruption représente une grande et réelle menace contre l'économie après celui du terrorisme. L'indice de cette ONG relève que «certains gouvernements peinent à protéger leurs citoyens de la corruption, qu'il s'agisse de détournements de ressources publiques, de pots-de-vin ou de prises de décisions tenues secrètes». L'organisation note que la question des mouvements de protestation indique que «ces derniers, signalés à travers le monde et souvent exacerbés par la corruption à la faveur de l'instabilité économique en découlant, démontrent la désapprobation des citoyens vis-à-vis de la gestion opérée par leurs dirigeants et institutions publiques, lesquels n'étaient ni assez transparents, ni assez responsables». Au su des chiffres avancés, l'Algérie partage la même place que l'Egypte, mais arrive très loin derrière les Emirats arabes unis (28), Bahreïn (46), Oman (50), le Koweït (54), la Jordanie (56), l'Arabie saoudite (57), la Tunisie (73), Maroc (80). Par contre, la Syrie se positionne à la 129e place, derrière le Liban (134), la Mauritanie (143), le Yémen (164), la Libye (168), alors que l'Irak se classe à la 175e position. ONG et experts algériens évoquent la mauvaise gouvernance L'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) et Abderahmane Mebtoul, professeur à l'université et expert international, imputent l'existence de ce récurrent fléau «aux faiblesses des mécanismes de lutte et à l'absence de volonté politique». Pour l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), «ces très mauvais résultats de l'Algérie pour la 9e année consécutive ne sont pas une surprise, ces dernières années ayant été marquées non seulement par une explosion des affaires de grande corruption, mais aussi par une totale absence de volonté politique du pouvoir de lutter contre la corruption», ajoutant que «depuis une dizaine d'années, la corruption a pris une telle ampleur qu'elle touche tous les secteurs d'activités, les institutions, et éclabousse les plus hauts responsables du pays». Mettant en exergue le taux de nuisance du fléau de la corruption, M. Mebtoul affirme que «la gouvernance mitigée et la corruption socialisée menacent la sécurité nationale». Dans une contribution, ce professeur explique que «l'essence de ce phénomène a d'importantes incidences économiques et politiques au moment où la moralité devient un critère primordial». En ce sens et dans un passage de sa contribution, il indique que «la sphère informelle, produit historique de l'extension de la bureaucratie rentière qui tire sa puissance de l'existence même de cette sphère, tissant des réseaux diffus de corruption, n'est que la traduction de la faiblesse de la démocratisation du système économique et politique, donnant d'ailleurs du pouvoir à ceux qui contrôlent l'information». Il a rappelé que «l'ONG a classé l'Algérie parmi les pays qui connaissent un taux de corruption élevé comme en témoignent les 9 derniers rapports de 2002 à 2011 sans aucune amélioration, dont le dernier en date du 1er décembre 2011». Il ajoute pour argumenter que «les surfacturations et l'utilisation de la distorsion du taux de change permettent la fuite de capitaux (la méthode résiduelle de la Banque Mondiale l'évalue à plusieurs dizaines de milliards de dollars entre 1972 et 2009), avec d'importants mouvements pour certaines périodes, en fonction de la situation politique et socioéconomique et des produits hors des frontières, fonction de la distorsion des prix intérieurs et internationaux». «Que ce soit en Europe, frappée par la crise de la dette, ou dans le monde arabe, à l'aube d'une nouvelle ère politique, les dirigeants doivent prendre en compte l'exigence d'une meilleure gouvernance», souligne Huguette Labelle, responsable de Transparency International, organisation basée à Berlin. Il faut savoir que cette ONG s'est appuyée sur des données collectées par 13 institutions internationales, dont la Banque mondiale, les banques asiatique et africaine de développement ou encore le Forum économique mondial.