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La santé doublement malade à Tamanrasset
Manque de moyens, encadrement défaillant et désorganisation
Publié dans Le Temps d'Algérie le 04 - 12 - 2011

La réalisation d'un Centre hospitalo-universitaire (CHU) dans la ville de Tamanrasset est primordiale pour soulager les milliers de malades de cette vaste région. C'est en ce sens que ses habitants interpellent les pouvoirs publics pour la construction, dans les plus brefs délais, de cette infrastructure.
«Nos malades sont souvent évacués vers les autres wilayas, notamment celles du nord, avec tout que cela implique comme frais et retard», nous a-t-on indiqué sur place. A l'indisponibilité des places dans ces structures s'ajoutent les coûts excessifs de la prise en charge.
«Ces facteurs handicapent énormément la population de cette wilaya qui reste privée de son droit à la santé publique, pratiquée ailleurs», affirment des habitants. Le seul hôpital de cette wilaya n'a plus les capacités de répondre au nombre de malades qui se présentent quotidiennement et toujours croissant. A longueur de journée, des malades accompagnés par leurs proches font des queues interminables devant les cabinets de consultations.
Assis par terre ou sur les escaliers, des centaines de malades attendent d'être auscultés dans des conditions pénibles. Salles de soins exiguës, matériels archaïques et conditions d'hygiène pas toujours de mise. Une situation qui se complique avec le manque flagrant de médecins et de professeurs. «Un CHU nous facilitera l'accès aux soins et aux traitements médicaux», estiment des citoyens qui soulignent que la venue des médecins spécialistes ne peut se faire sans ce CHU qui éviterait en effet des tracasseries aux malades et à leurs familles.
Les malades souffrent, les médecins aussi
Le système de santé est gravement affecté dans cette wilaya. Il en va de même pour la situation de l'encadrement médical où d'énormes lacunes sont constatées, empêchant ce staff d'assurer au mieux sa noble mission. Ainsi, la situation des médecins de l'Etablissement public hospitalier (EPH) est déplorable et marquée par une grande charge de travail et surtout un manque de moyens.
«J'ai adressé plusieurs rapports à l'administration, dénoncé les erreurs médicales, demandé du matériel, des produits de soins et des médicaments d'urgence, mais en vain. Chaque matin est porteur d'ennuis et de problèmes sans fin et sans solution», nous a indiqué un médecin généraliste qui était en train de finir un autre rapport sur un acte médical effectué par un infirmier.
«Vous vous rendez compte, un hôpital qui fonctionne sans les médicaments de base comme l'adrénaline, l'Aspégic, le Spasfon ou le sérum ? Il nous est arrivé même d'ajouter une quantité de sucre dans la solution pour réanimer des malades. C'est difficile de travailler dans ces conditions. C'est même inadmissible», témoigne un autre praticien rencontré sur les lieux.
Le manque de vaccins de prévention contre les maladies infectieuses est également évoqué par ces praticiens. Ce sont autant de problèmes qui poussent certains médecins à se faire muter dans le nord. Beaucoup de médecins orientés dans le cadre du service civil fuient l'établissement hospitalier avant même la fin de leur période de stage. Même ceux qui ont tenu le coup pendant le service civil et ajouté quelques années supplémentaires pour exercer leur métier préparent déjà leur départ.
Ils se révoltent contre les conditions socioprofessionnelles qui ne sont pas reluisantes pour les résidents et les généralistes. Les visites effectuées dans ce centre ont permis de constater le manque flagrant de résidents, en dépit de l'obligation du service civil réduit à une année au sud du pays. «Les résidents affectés à cet hôpital exercent cinq ou six mois avant de quitter. Ils ne veulent pas rester ici», diront leurs collègues, qui expliquent cette situation par l'épineux problème du logement. Ils affirment que pour avoir un toit dans cette wilaya, il faut compter sur ses propres connaissances.
Ce qui n'est pas évident pour tout le monde. Les médecins optent généralement pour la location collective. A défaut, ils occupent les salles de soins et les polycliniques. «Il y a même ceux qui résident dans des dépôts de matériaux de construction», nous ont révélé des médecins qui s'interrogent si un des leurs peut étudier ou exercer dans ces conditions :
«C'est la raison pour laquelle ils fuient tous avant même la fin de leur stage», nous ont-ils expliqué. Cet état entraîne par conséquence une forte charge de travail. «Il nous est arrivé de travailler deux jours et deux nuits de suite, de se reposer un jour avant de reprendre le travail à la même cadence», nous a fait savoir un médecin, soulignant qu'ils ne bénéficient d'aucun avantage ou prime supplémentaire. «Nous sommes payés comme nos collègues du nord même si le rythme et la charge du travail sont beaucoup plus importants», a-t-il fait remarquer.
Cette surcharge est décriée aussi par le personnel paramédical soumis aux mêmes conditions de travail. «Nous travaillons sept jours sur sept pour assurer la continuité des services médicaux. Le manque d'anesthésistes et d'infirmiers est crucial dans cet établissement», nous ont dit des paramédicaux.
L'éloignement et les frais de déplacement sont les autres inconvénients cités par les médecins qui dénoncent le non-respect de la réglementation en matière de remboursement, au moins une fois par an, des frais du voyage, souvent par avion. «La loi prévoit le remboursement du billet du congé annuel, mais cela n'a jamais été appliqué», ont-ils dit.
Moyens inexistants
La charge de travail est aussi un vécu quotidien pour les spécialistes. Ils l'expliquent par la récente réorganisation de la couverture sanitaire qui a fait que les hôpitaux subissent une forte pression en raison de l'affluence. Les établissements de proximité de santé publique (EPSP) ne jouent plus leur rôle comme avant quand ils assuraient les premiers soins, la garde et la vaccination», relèvent-ils en expliquant que «des malades viennent à l'hôpital alors qu'ils peuvent être pris en charge par l'EPSP qui dispose de budgets et de personnels médicaux adéquats».
Ces spécialistes estiment que l'établissement était l'un des mieux lotis en personnels et en équipements durant les années précédentes en dépit de certaines lacunes qui entravent leurs missions. «Les administrateurs nous ont consultés pour l'équipement en matériel de l'hôpital, ont acheté ce qu'on avait demandé et cela nous a permis de travailler à l'aise durant plusieurs années et faire des gestes médicaux assez délicats», ont-ils témoigné.
Néanmoins, cette sérénité n'a pas été maintenue cette année et le lot de matériel demandé en endoscopie, urologie, ORL et gastrologie a été annulé «pour des raisons techniques». Les conséquences de cette décision sont dramatiques sur la mission de cette structure sanitaire et le citoyen contraint aux longs déplacements et leurs conséquences.
Dénonçant le laisser-aller, un médecin nous a indiqué que pour une pince à corps étranger défectueuse, des malades ont été évacués vers le nord du pays, après des démarches et des tracasseries administratives. «Il faut d'abord trouver une place dans les hôpitaux du nord. Je passe mon temps à faxer des demandes qui restent souvent sans réponse»,
raconte un médecin qui explique que la prise en charge d'un patient (billet d'avion pour le patient et son médecin, frais de mission, et de séjour à l'hôpital) dépasse les 100 000 dinars. Le hic est que le prix de la pince ne dépasse pas les 30 000 dinars». Sur le plan de leur statut, les spécialistes s'élèvent contre le fait qu'ils ne gagnent pratiquement rien. Les 25 000 dinars de plus dans leurs salaires par rapport aux spécialistes du nord sont vite rattrapés par la cherté de la vie à Tamanrasset où les prix sont trois fois plus élevés.
Erreurs médicales, la terreur
Les conséquences de l'anarchie constatée au niveau de cet hôpital sont très lourdes avec notamment des erreurs médicales qui sont signalées presque quotidiennement. «Nous sommes des humains et travailler à un rythme infernal en l'absence d'équipements et moyens nécessaires ne peut avoir que des effets dramatiques. L'erreur est inévitable.
Elle n'est pas volontaire mais elle est souvent inévitable», affirment ces médecins. Cette situation est fortement déplorée par tous les corps de praticiens. «Au bout du compte, le médecin se trouve confronté seul à la famille du patient et se fait traîner devant la justice pour une erreur médicale dont il n'est pas le seul responsable», dénoncent-ils, affirmant que chaque année, un médecin spécialiste au moins se retrouve à la barre des accusés.
«Nous demandons la dépénalisation de l'acte médical», ont-ils dit. Faire un transfert vers un établissement au Nord n'est pas tâche facile. Beaucoup ont trouvé des places dans le Nord mais attendent l'autorisation du ministère de la santé qui prend plus d'une année. L'absence de cabinets de médecins spécialistes met la population en situation d'otage en permanence. «Les gens souffrent, ils attendent beaucoup pour être évacués».

Cancer, sida, complications thrombotiques
Tamanrasset connaît une forte propagation des maladies infectieuses. La position géographique de cette ville frontalière et les effets des essais nucléaires sont les principaux facteurs de cette situation. La ville a des frontières avec le Mali et le Niger, des régions pauvres où les moyens sont inexistants. Le rapprochement entre les populations crée certaines maladies et l'absence de vaccin complique la situation.
Cette wilaya connaît aussi un fort taux de maladies liées au goître, de leucémie digestive et de cerveau. Les services et centres de dépistage du cancer dans cette wilaya restent insuffisants pour faire face à cette maladie en raison du manque flagrant des moyens de traitement et surtout à l'absence de médecins spécialistes. Il n'y a ni cancérologue ni service d'oncologie dans cet établissement.
On a ramené les équipements pour faire la chimiothérapie sans affecter de médecins. L'examen de la charge virale n'a jamais été pratiqué en raison du manque de réactifs. «Ça n'a jamais été fait. Tous les malades sont transférés vers Alger». Le sida touche différents âges.
Des cas d'hépatites sont régulièrement enregistrés. Outre les maladies infectieuses, la région connaît une propagation alarmante de maladies thrombotiques. Ces complications cardiaques sont fréquentes chez les femmes âgées entre 20 et 40 ans et dues à la consommation par ces jeunes femmes de corticoïdes vendus par les africains et certaines plantes toxiques aidant à prendre du poids.
En dépit de leur jeune âge, ces femmes arrivent à l'hôpital avec hypertension, diabète, et autres complications. Outre la pression des patients nationaux, l'établissement hospitalier de Tamanrasset reçoit entre 20 et 30% de patients africains pour tous types de soins. «On les soigne et l'administration leur facilite les démarches vu que la majorité sont des sans- papiers».
De notre envoyée spéciale à Tamanrasset


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