Achoura, fête ancestrale célébrée par les musulmans et les juifs marque le 10e jour du premier mois de l'année hégirienne. C'est une fête durant laquelle les musulmans se font pardonner leurs péchés en effectuant un jeûne de deux jours et en partageant leurs plats et gains de l'année avec les pauvres (la zakat). La tradition durant Achoura diffère d'une région à l'autre du pays, et des variantes sont relevées d'une contrée à une autre. Une occasion de fêter le dernier-né en Kabylie En Kabylie, le dernier-né de la famille est le centre d'intérêt dans les villages et la coutume veut que l'enfant ait sa première coupe de cheveux. Pour la circonstance, les femmes préparent des plats à base de blé concassé et le traditionnel couscous avec de la viande séchée et du poulet. Cet enfant est béni et protégé du «mauvais œil» et du mauvais sort. Dans la soirée, des chants religieux sont interprétés et des danses sont à l'honneur pour marquer le 10e de moharrem. «C'est aussi une occasion pour les jeunes filles de sortir et de se faire remarquer dans leur village pour se marier», selon le sociologue Ali Sayad. Retrouvailles en famille à Oran A Oran, les enfants portent des habits neufs et leurs grands-mères leur mettent du henné. Pour l'aspect culinaire, trida, rougag, chakhchoukha, une pâte à base de blé accompagnée d'une sauce blanche et de viande sont de rigueur, indique Mme Sakina Zebboun, diététicienne et cuisinière à Oran. Des gâteaux traditionnels (makrout, griouèche) sont aussi confectionnés à cette occasion. Le soir venu, la famille et les voisins se réunissent autour d'un thé pour déguster des pâtisseries. «Ces coutumes ont tendance à disparaître et il faut les préserver et les transmettre à nos enfants», dira Mme Zebboun. La fameuse «kachkcha» de Constantine Les retrouvailles et les réunions de famille sont de rigueur à Constantine. Pendant cette période, les proches se donnent rendez-vous autour de la fameuse trida et évoquent des souvenirs en référence au bon vieux temps. La kachkcha (sachet rempli d'amandes, de pistaches, de noix, d'arachides, de dattes, de bonbons etc.) est représentative de Achoura et est distribuée aux enfants. Achoura est également la période de la zakat par excellence et une partie des repas et des biens des bénéfices de l'année est donnée aux plus démunis.
Couscous à la viande séchée et salée à Tipaza «Dans la région du Chenoua, les femmes préparent du couscous au poulet et à la viande séchée et salée gardée pour la fête. La viande est aussi utilisée pour la préparation de galettes traditionnelles avec des herbes», nous indique Rabia'a Nadjar, spécialiste en art culinaire de la région du Chenoua. Du pain maison et des crêpes traditionnelles sont confectionnés la veille de la fête par les grands-mères qui transmettent cet art culinaire à leurs petites-filles. Une part du dîner est aussi réservée au gardien des lieux ou à un mendiant et est laissée sue le seuil de la porte de la maison familiale. Certaines familles égorgent un mouton qu'elles partagent aux pauvres et d'autres donnent de l'argent aux plus démunis.