Les ministres de la Défense de dix pays d'Afrique du nord et d'Europe du sud se réuniront dimanche à Nouakchott en vue de renforcer leurs actions contre l'insécurité grandissante dans les pays du Sahel, provoquée par Al-Qaïda et la prolifération de groupes armés venus de Libye. Cette réunion rassemblera les ministres du groupe "5+5", cinq pays européens du sud - Espagne, France, Italie, Malte et Portugal - et cinq d'Afrique du Nord - Algérie, Libye, Tunisie, Maroc et Mauritanie. Elle est la première depuis les changements de régime dans deux des pays du groupe, la Libye et la Tunisie, et la victoire des islamistes aux législatives de novembre au Maroc. La rencontre doit être précédée samedi par une réunion préparatoire d'experts, à huis-clos, puis par un dîner réunissant l'ensemble des participants, vraisemblablement suivi de rencontres bilatérales, indique-t-on de sources de défense mauritanienne et française. La révolution libyenne a provoqué le retour au Mali et au Niger de centaines d'hommes lourdement armés, essentiellement des Touareg, qui avaient combattu aux côtés des forces de Mouammar Kadhafi, accentuant l'instabilité dans le Sahel, déjà affecté par les activités d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Cette insécurité et la manière d'y faire face sera au centre de la réunion qui intervient peu après la revendication par Aqmi de l'enlèvement de cinq otages européens, dont deux Français, les 24 et 25 novembre à Hombori et Tombouctou, dans le nord du Mali. A Tombouctou, un touriste allemand qui se trouvait avec un Britannique, un Suédois et un Néerlandais, mais qui résistait à son enlèvement, a été tué. Ce sont désormais neuf otages européens, dont six Français, qui sont retenus en otages par Aqmi. "La Méditerranée est un espace où les flux criminels, les trafics, les phénomènes terroristes affectent aussi bien les pays du nord que du sud", selon une source proche du dossier à Paris. "Il sera intéressant de voir comment les nouveaux gouvernements se positionnent face à ces menaces. Ce sont des menaces communes, il faut y réfléchir en commun", a-t-elle ajouté. Un avis partagé par un responsable militaire mauritanien selon lequel "tous les acteurs, au plan régional et international, sont conviés à s'impliquer d'une manière ou d'une autre dans la bataille contre la criminalité qui ignore les frontières". Quatre pays de la bande sahélo-saharienne (Algérie, Mauritanie, Niger et Mali), ont mis en place en avril 2010 un Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc), basé à Tamanrasset (sud de l'Algérie) et disposant d'un centre de renseignement à Alger. Créé pour mieux coordonner la lutte contre Aqmi, il se réunit tous les six mois, mais n'a jamais à ce jour mené d'opérations conjointes transfrontalières. L'armée mauritanienne a, depuis 2010, mené "à titre préventif" des raids dans le nord du Mali contre des bases d'Aqmi d'où l'organisation mène ses opérations dans les pays du Sahel, attentats ou tentatives, enlèvements, trafics. Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, profitera de sa présence à Nouakchott pour apporter "son soutien au gouvernement mauritanien, très engagé dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélienne", indique-t-on dans son entourage. Au moment où se tiendra la réunion, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, sera à Alger où il doit également évoquer la lutte anti-terroriste dans le Sahel avec son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika.