Près de 90% des Algériens disent craindre des menaces ou des représailles dans le cas d'un témoignage contre la corruption, selon une étude de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) rendue publique mardi à Alger. «Il faut travailler sur le renforcement des dispositifs législatifs en matière de protection des dénonciateurs de corruption», a indiqué Moumène Khelil, secrétaire général de la LADDH lors d'une conférence de presse tenue au siège de la Ligue pour présenter cette étude. «Ceux qui ont le courage de dénoncer et de faire un acte citoyen se retrouvent abandonnés», a-t-il ajouté, alors que l'étude affirme que 88% des personnes interrogées disent avoir peur de dénoncer le fléau. Il a cité l'exemple d'un fonctionnaire qui a été licencié pour «divulgation de secret professionnel» après avoir dénoncé au procureur de la République les malversations du directeur de l'entreprise publique où il travaillait. La LADDH a créé une cellule de lutte contre la corruption en mars 2011 et a lancé en octobre une étude intitulée : «Le citoyen face à la corruption», interrogeant 1600 personnes dans le pays. Selon ce document, la perception du citoyen sur la corruption et sur la volonté des autorités de lutter contre ce fléau fait ressortir que si la majorité des personnes interrogées considère que la corruption est un crime la plupart ont peur d'avoir affaire au système judiciaire et craignent d'être impliquées pendant l'instruction. Bien que la majorité des sondés soient des fonctionnaires, 85% pensent que les hauts fonctionnaires bénéficient de l'immunité. Le dernier rapport de Transparency International sur la perception de la corruption place l'Algérie à la 112e place sur 183 pays classés du moins au plus corrompu, une conclusion contestée par les autorités à Alger. Jeudi, le président Abdelaziz Bouteflika a signé un décret sur la composition, l'organisation et le fonctionnement de l'Office central de répression de la corruption (OCRC), mis en place il y a un an mais resté discret depuis.