Des affrontements opposaient hier dans le centre du Caire, pour la troisième journée consécutive, les forces de sécurité à des centaines de manifestants réclamant toujours que l'armée quitte le pouvoir. Selon le ministère de la Santé, les violences ont fait 10 morts et 441 blessés depuis vendredi. Les protestataires et les soldats se bombardaient mutuellement de pierres, près du Parlement dans le centre de la capitale égyptienne. "Tout est normal", ironisait Ahmed Yacoub, un manifestant. "La police et l'armée font un usage excessif de la force avec des pierres, et ils disent qu'ils protègent la révolution". Les violences ont débuté dans la nuit de jeudi à vendredi quand l'armée a délogé des manifestants qui campaient pacifiquement depuis trois semaines devant le siège du gouvernement. Selon des témoins, l'armée est intervenue brutalement, frappant des manifestants, traînant des femmes par les cheveux et incendiant des tentes. Des militaires en tenue anti-émeute et armés de bâtons ont pourchassé les manifestants, les forçant à battre en retraite sur la Place Tahrir. Plus tard, les forces de sécurité ont chargé sur la place pour disperser les manifestants, incendiant leurs campements. Certains témoignages, non confirmés, faisaient état de tirs à partir de toits. Ces violences sont les plus importantes depuis les affrontements entre manifestants et forces de sécurité, qui ont fait plus de 40 morts en novembre dans le même secteur du Caire, Place Tahrir et dans ses environs. Elles interviennent sur fond d'élections législatives dont la première phase, qui a débuté le 28 novembre, a été marquée par la domination des partis islamistes. "Liberté et Justice", la formation des Frères musulmans, a recueilli quelque 36% des voix, tandis que le parti Al-Nour (salafiste) a obtenu 24% des voix.