Candidat à l'élection présidentielle, l'ancien ministre des Affaires étrangères français a estimé que le vote de la loi sur la négation du génocide est une erreur. Il a jugé hier que c'était «une erreur» de légiférer sur la mémoire, à propos de la proposition de loi UMP votée par les députés, réprimant la négation des génocides dont celui des Arméniens. Interrogé au «Grand rendez-vous» Europe 1/Le Parisien-Aujourd'hui en France sur ce vote de jeudi qui a déclenché la colère de la Turquie, le fondateur de République solidaire (RS) a estimé que «la représentation nationale n'a pas bien fait». «Au-delà de la question turque aujourd'hui», a-t-il enchaîné, «il faut poser la question des lois mémorielles dans notre pays, c'est une erreur ! On ne légifère pas sur la mémoire. Et chaque fois qu'on veut le faire, on fige les choses, on complique les relations avec certains Etats et on empêche même des évolutions naturelles de se faire». «Est-ce que nous serions heureux que le parlement algérien légifère sur la mémoire?» L'ex-Premier ministre, ex-chef de la diplomatie française, a expliqué avoir constaté lors de nombreux séjours dans ce pays ces dernières années que la Turquie «est un pays qui bouge, c'est une société qui bouge, y compris (...) sur cette question de la reconnaissance du génocide arménien». «Est-ce que c'est à la France de donner des leçons sur ce terrain ? Je ne le crois pas», a-t-il dit. «Il suffit de s'appliquer à nous-mêmes ce que nous faisons sur d'autres terrains, est-ce que nous serions heureux que le parlement algérien légifère sur la mémoire?», a-t-il interrogé. Est-ce que c'est à la France de donner des leçons sur ce terrain ? Je ne le crois pas»Alors qu'on lui faisait remarquer que nier la Shoah est pénalement répréhensible en France, Dominique de Villepin a martelé : «soyons extraordinairement prudents!» «Qu'on ait pu à travers la loi Gayssot (en 1990, ndlr) agir sur le terrain de l'antisémitisme et du racisme à un moment où il y avait le risque de montée de l'antisémitisme et du racisme, c'est une chose, vouloir l'appliquer à d'autres domaines de l'histoire je crois que c'est extraordinairement dangereux». «La Turquie a un chemin à faire, une réflexion à mener, un travail en conscience à mener», a-t-il ajouté. «Que par le travail de nos propres historiens nous puissions contribuer à faire évoluer les choses, très bien! Que nous agissions sur le terrain politique avec des arrière-pensées qui en cette période électorale sont évidentes, je crois que c'est très malsain et c'est une erreur, je souhaite qu'on revienne sur des tels agissements», a-t-il conclu.