Des centaines de rappelés du service national, mobilisés pour la lutte antiterroriste durant la décennie noire, ont marché hier à Tizi Ouzou pour réclamer une prise en charge de leur plate forme de revendications. Cette dernière porte essentiellement sur la reconnaissance des services rendus et la nécessité de réparation, indique l'un des marcheurs. Venus de différentes localités de la wilaya, ils ont marché, malgré une pluie battante, depuis la gare routière de la ville jusqu'au siège de la wilaya, passant par le centre-ville et la rue Houari-Boumediene. Arrivés devant le portail de l'hémicycle Aïssat- Rabah, les rappelés ont observé une minute de silence à la mémoire de leurs compagnons de lutte victimes de la violence intégriste durant les années 90. «L'Etat nous a tourné le dos alors que nous avons répondu présents aux pires moments qu'à vécus l'Algérie. Aujourd'hui, nous ne demandons qu'une reconnaissance pour services rendus, car nous aussi sommes victimes de la tragédie nationale», nous dira un marcheur. Pour Omar, délégué des rappelés de la daïra d'Iferhounene, le combat ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Il nous expliquera que les délégués de la wilaya de Tizi Ouzou ont entamé des démarches auprès des autorités en vue d'organiser un conclave interwilayas à Tizi Ouzou. «Un accord de principe nous a été donné par le directeur de la maison de la culture Mouloud- Mammeri pour la tenue de notre conclave, mais il nous faudra encore l'autorisation signée du wali», dit-il. Par ailleurs, 4 délégués ont été reçus hier par le médiateur du wali. Mis au courant de l'action des rappelés, «M. Abdelkader Bouazghi, premier magistrat de la wilaya, a programmé une réunion le 3 janvier prochain avec les 11 délégués de la wilaya de Tizi Ouzou», précise notre interlocuteur. Plusieurs correspondances ont déjà été adressées aux plus hautes autorités du pays, dont le ministère de la Défense nationale. Egalement, une lettre ouverte à destination du président de la République Abdelaziz Bouteflika a été remise aux autorités locales. Dans leur courrier, les anciens militaires n'ont pas manqué d'évoquer les circonstances difficiles que traversait le pays sur le plan sécuritaire, et pour lesquelles ils ont répondu favorablement pour sauver la patrie du péril qui la guettait. La lettre comporte aussi les revendications essentielles des rappelés. Remobilisés durant les années 1995-1999, plusieurs d'entre eux, selon les témoignages récoltés, ont été blessés, traumatisés. D'autres ont perdu leur emploi, tandis que certains sont décédés. Les rappelés du service national réclament en premier lieu un statut particulier, mais aussi un bénéfice des avantages de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Dans ce contexte, ils demandent une indemnisation couvrant la période allant de 1995 à 2011, ainsi qu'une pension mensuelle à vie. Ceux qui ont perdu leur emploi doivent être réintégrés, écrivent les rédacteurs de la plate- forme.