Fermée depuis 1994 pour des raisons sécuritaires au niveau de la commune de Mizrana, daïra de Tigzirt, la RN 24 a été enfin rouverte à la circulation automobile, pour rappel, le 21 décembre dernier. C'est le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, qui s'est déplacé sur les lieux pour inaugurer cette réouverture tant attendue par les habitants des communes du nord de la wilaya de Tizi Ouzou. Une réouverture, en fait, perçue comme une bouffée d'oxygène par les commerçants de la ville de Tigzirt. Cette ville côtière et touristique, qui a souffert plus de 15 ans de l'isolement, commence déjà, pour ainsi dire, à sortir de la somnolence. L'activité commerciale, limitée naguère uniquement à la saison estivale, reprend graduellement ses droits. Des voitures immatriculées de plusieurs wilayas de l'est du pays empruntent la RN 24, qui longe les 80 kilomètres de littoral de la wilaya de Tizi Ouzou. Des habitants de la wilaya voisine de Boumerdès affluent, notamment les soirs et les week-ends, aussi vers l'antique Ionium. «Avant, pour rallier la ville voisine de Dellys, à 20 km à l'ouest de la ville de Tigzirt, il fallait faire tout un détour de plus de 30 kilomètres, alors que depuis le 21 décembre dernier, un petit quart d'heure suffit. Vraiment, nous avons souffert plus de 15 ans de l'isolation. La fermeture de la RN 24 a porté un sacré coup au développement économique et touristique local. Vous voyez actuellement le nombre de passagers que notre ville accueille quotidiennement», nous a déclaré un ancien commerçant de la ville de Tigzirt. En effet, l'activité commerciale renaît de ses cendres à Tigzirt après plusieurs années de vaches maigres. Pour rappel, les habitants des trois communes de la daïra de Tigzirt, Iflisse, Mizrana et Tigzirt, avaient, par le passé, entamé plusieurs actions de protestation pacifique pour réclamer la réouverture de la RN 24 au niveau de la commune de Mizrana, fermée au lieu-dit Treizième. En juin 2010, une grève générale d'une semaine, rappelons-le, a paralysé toute la région du nord de la willaya de Tizi Ouzou. Pour les élus et les habitants de Tigzirt, l'argument avancé par les autorités concernées par rapport à la fermeture de la RN 24 ne tient guère la route. «S'ils ont fermé la RN 24 pour des raisons sécuritaires, c'est-à-dire pour la présence des groupes armés dans la forêt de Mizrana, pourquoi ne ferment-ils pas d'autres routes nationales plus dangereuses ? D'ailleurs, c'est la seule route qui a été fermée au niveau national pour une durée de 15 années pour des raisons sécuritaires», s'interroge un élu local.