«Le tabac tue», un slogan qui revient chaque année lors des journées de sensibilisation sur le tabac. Mais les gens ont trop souvent tendance à oublier et à banaliser ses méfaits et ses conséquences. «Dissuader les Algériens de fumer», tel est le thème de la campagne de sensibilisation antitabac pour cette année. Elle est portée en direction des plus jeunes sur les risques liés au tabac et sur la rupture du tabou concernant la communication sur les méfaits de la cigarette. En ce sens plusieurs équipes de médecins ont sillonné le pays et visité plusieurs établissements scolaires pour parler «ouvertement» du tabac et des maladies non transmissibles (maladies cardiovasculaires, maladies métaboliques, insuffisance respiratoire) dont il est l'un des principaux facteurs déclencheurs. A cet effet, des espaces ont été aménagés dans plusieurs endroits sur le grand Alger exposer des photos et des affiches d'information démontrant les dangers du tabac et de la drogue sur la santé physique et mentale. Il a été aussi question d'être à l'écoute des jeunes par des psychologues dans des «psychobus». Une enquête auprès des jeunes, des travailleurs et des chômeurs réalisée par le Dr Youcef Tarfani, chargé du programme de lutte antitabac et sous-directeur des maladies non transmissibles au ministère de la Santé révèle une augmentation importante du nombre de fumeurs en Algérie, soit 27.3 % de la population, soit une personne sur trois. Concernant les femmes, les statistiques sont sous-notifiés et l'incidence de 1.7% ne reflète nullement la réalité car la plupart n'osent pas déclarer. La nouveauté pour cette année réside dans la mise en place au niveau des hôpitaux de consultation de sevrage antitabac, une sorte de cure de désintoxication à laquelle se présente régulièrement le patient à qui est administré un palliatif au tabac pour l'aider à arrêter sans grandes difficulté. Cette démarche lancée par le Dr Salim Nafti, pneumo-phtisiologue au CHU Mustapha, est en train de se généraliser aux autres hôpitaux du pays. Le hic avec ces médicaments, c'est qu'ils coûtent cher et qu'ils ne sont pas remboursés par la sécurité sociale et dans la plupart des cas, les fumeurs abandonnent la cure. Les dangers du tabac ne sont plus à démontrer de nos jours où les analyses font état de composants «poison» très dangereux pour la santé. Pour ce qui est des idées reçues sur les risques amoindris avec la consommation du tabac roulé, le Dr Djamel Eddine Oulmane, dément et affirme : «Les tabacs à rouler dégagent jusqu'à 14 ou 17 mg de goudron par cigarette alors que les normes internationales imposent un maximum de 10 mg», et ajoute que «ce tabac à rouler brûle mal et sa fumée est 3 à 4 fois plus toxique en moyenne que le tabac des cigarettes industrielles». Il est d'ailleurs de même pour les fumeurs de cigares et de chicha, car contrairement à ce qui se dit, les fumeurs avalent une toute aussi grande quantité de fumée que ce soit avec la cigarette ou autres dérivés. Il est à rappeler que l'Algérie a ratifié la convention-cadre de l'OMS en 2006 et a procédé à l'élaboration du décret exécutif fixant les lieux publics où l'usage du tabac est interdit. Néanmoins, cette convention n'est pas respectée et bon nombre d'Algériens continuent de fumer dans les lieux publics et de gêner les non-fumeurs. Dépendance au tabac Lorsqu'un fumeur arrête de fumer, plusieurs changements se produisent dans son corps tels que la dépendance. Ainsi le Dr Oulman explique que «la nicotine est complètement éliminée du corps assez rapidement et 4 jours après l'arrêt du tabac, il n'y a plus de nicotine dans le sang». Cependant, après la disparition de la nicotine de l'organisme, il y a apparition de signes dus au manque de nicotine. Et ces signes peuvent durer plusieurs semaines et même quelques mois. Il ne faut pas oublier que le tabac est le premier pas vers la toxicomanie, il faut rester donc vigilant. Le tabac est aussi un coupe-faim naturel et la plupart des fumeurs en sevrage ont tendance à prendre du poids, d'où la nécessité de faire de l'exercice physique après avoir arrêté de fumer. Enfin, lorsqu'on veut arrêter de fumer, la volonté personnelle est de rigueur et il faudra pour cela s'armer d'une grande patience. «Des centres de consultation de tabacologie, des médecins et le soutien de la famille peuvent aider durant cette période», indique le Dr Oulmane. Lors de moment de frustration et d'anxiété et d'irritabilité, l'ancien fumeur peut toutefois se tourner vers un chewing gum ou un bonbon à la menthe, cela peut aussi aider.