«Le tabagisme serait à l'origine de 25 maladies graves et 90% des cancers touchant le système respiratoire sont causés par la cigarette», a affirmé jeudi le professeur Habib Douaghi, chef du service pneumologie et allergologie à l'hôpital de Beni Messous, à l'occasion d'une rencontre sur la lutte antitabac. Le type de cancer le plus répandu en Algérie, selon le même intervenant, concerne le cancer du poumon, de la langue, de la gorge et celui de la vessie, qui sont à l'origine du plus grand nombre de décès en Algérie et à travers le monde. Selon l'OMS, le tabac est responsable du décès de 3 millions de personnes par an dans le monde dont 500 000 femmes. D'autres maladies graves sont à redouter. Les spécialistes citent l'obstruction des vaisseaux cardiaques et sanguins, la bronchite pulmonaire chronique ainsi que les affections de l'appareil digestif. Enumérant les composants de la cigarette qui sont au nombre de 4000, le professeur Douaghi a souligné que «ces produits sont dangereux, le plus nocif étant le goudron suivi de la nicotine qui crée une dépendance chez le fumeur». Il a appelé les autorités publiques à l'adoption d'une stratégie nationale de lutte antitabac et à la mise en œuvre de la convention cadre de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ratifiée par l'Algérie. Pour sa part, le professeur Salim Nafti, président de l'Association algérienne des maladies respiratoires et de l'asthme, a axé son intervention sur «la nécessaire mise en place d'un plan d'accompagnement pour aider les fumeurs à abandonner leur addiction au tabac et à préserver leur santé». Dans ce contexte, il recommande aux personnes qui veulent arrêter de fumer d'utiliser des patchs disponibles sur le marché algérien et qui sont prescrits par étapes durant trois mois, soit 21 mg, puis 14 mg et enfin 7 mg. Plus explicite, le professeur Nafti a souligné qu'«un seul patch remplace une boîte de cigarettes par jour», ajoutant que «cela permettra au fumeur d'en finir avec l'usage du tabac progressivement». Le professeur Skander, chargé du dépistage des maladies causées par le tabac au CHU de Beni Messous, a par ailleurs insisté sur «la lutte antitabac en milieu scolaire», de plus en plus affecté par ce fléau. Dans sa présentation à son étude, effectuée au niveau de plusieurs établissements scolaires de Tizi Ouzou, Boumerdès et Alger, la spécialiste a dressé un bilan inquiétant, affirmant que «la situation est alarmante».