Après plusieurs tergiversations dans le dossier Djezzy qui ont duré deux ans, l'affaire semble se concrétiser. L'Etat algérien et le groupe russe Vimpelcom semblent avoir trouvé un terrain d'entente, puisqu'ils viennent de signer un protocole d'accord sur la base duquel l'Etat algérien va détenir la majorité du capital (51%) de l'opérateur de téléphonie Djezzy (OTA). L'information a été rendue publique en premier lieu par le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Moussa Benhamadi, à partir de Taref lors d'une visite de travail, puis confirmé par le groupe Vimpelcom, à travers un communiqué rendu public hier. «L'Etat algérien va prendre la majorité du capital (51%) de l'opérateur de téléphonie Djezzy. Un accord a été passé dans ce sens conformément à la loi de finances», a précisé le ministre, et ce, conformément aux dispositions de la loi de finances complémentaire de 2009 relative au droit de préemption. Le groupe Vimpelcom, propriétaire d'Orascom Télécom, confirme avoir signé un accord de principe (memorandum of understanding ou MOU) avec le gouvernement algérien prévoyant l'acquisition par l'Etat algérien d'une participation majoritaire dans le capital de Djezzy. Le groupe précise que l'accord définitif sera conditionné par le «montant» de la transaction. A rappeler que l'Algérie qui a affiché une détermination pour l'acquisition de la filiale de l'opérateur égyptien OTH (Orascom télécom holding) rachetée par Vimpelcom, avait été découragé par la somme de 7,8 milliards de dollars exigée par le nouveau propriétaire. Déclinant cette proposition, le gouvernement algérien avait affirmé, en mai 2011, par la voix de son Premier ministre Ahmed Ouyahia, qu'il allait faire valoir son droit de préemption sur la cession de Djezzy par la maison mère au groupe russe. L'affaire concernant cet opérateur de téléphonie mobile a suscité une bataille des plus rudes pendant près de deux ans entre le gouvernement algérien et OTH qui compte actuellement plus de 16,5 millions d'abonnés. Le groupe Vimpelcom avait, rappelle-t-on, avant ces négociations, refusé de céder Djezzy, la filiale la plus rentable du groupe OTH, avant de proposer un montant excessif à l'Etat algérien, selon les déclarations de l'ancien patron du groupe russe Alexander Isozimov. Les deux parties n'ont donc jusque-là pas révélé le montant et le mode de gestion de l'entreprise une fois l'Algérie majoritaire dans le capital de l'opérateur. Les négociations entre les deux parties ont été menées dans la plus grande discrétion ces derniers mois, même si la visite à Alger du patron de Vimpelcom, Jo O. Lunder a été annoncée et confirmée par le ministre des Finances, Karim Djoudi, en octobre dernier. Les déclarations de Karim Djoudi se confirment Selon le ministère des Finances cité par l'APS, Vimpelcom a «confirmé son intérêt à trouver un accord avec l'Etat algérien au terme duquel OTH qui détient 96,81 d'OTA céderait une participation majoritaire dans le capital d'OTA». Et d'ajouter au lendemain de la déclaration du ministre des TIC : «La gouvernance et les moyens de contrôle de la gestion d'OTA seront répartis entre OTH et l'Etat algérien selon les modalités qui restent à convenir entre les deux parties». A cet effet, les deux parties sont appelées à procéder à une évaluation de l'entreprise sur la base de laquelle «les négociations sur les termes et conditions dans lesquels la cession d'une participation majoritaire dans le capital de l'entreprise de télécommunications pourrait intervenir». L'accord, précise-t-on, «accorde la liberté d'interrompre à tout moment les discussions en cours». Il est à rappeler que le ministre des Finances avait annoncé en décembre que l'acquisition par l'Algérie d'OTA sera conclue après la signature, probablement avant la fin de l'année, d'un accord de confidentialité entre les deux parties avant qu'un protocole d'intention ne soit signé plus tard. M. Djoudi avait précisé que cet accord, «exigé» par l'Algérie, allait permettre l'ouverture de la data room contenant les informations même les plus secrètes d'OTA et concernera «les informations relatives à la gestion et au fonctionnement de Djezzy». Les titres de Vimpelcom et d'OTH, dont ceux d'OTA, constituant l'essentiel du portefeuille, sont cotés dans de nombreuses places boursières, dont Londres et New York. La confidentialité concernera les cotations de ces titres. A noter que le groupe Vimpelcom avait racheté en mars dernier le groupe italien Wind Telecom qui détenait 51% d'OTH, propriétaire de 97% du capital d'OTA. Le directeur général de Djezzy, Tamer El Mahdi, a refusé de faire une quelconque déclaration, se limitant à dire que le contrat a été conclu entre les deux parties, c'est-à-dire l'Etat algérien et le groupe Vimpelcom, qui détient la majorité du capital (51,7%) d'OTH, maison mère d'OTA.