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Les appels de détresse se multiplient
Désespoir et crainte en haute Kabylie
Publié dans Le Temps d'Algérie le 08 - 02 - 2012

La situation est des plus inédites. La joie apportée par les premiers flocons de neige s'est transformée au fil des jours en source de désespoir, de détresse et de danger qui pèsent sur des populations entières qui se sont retrouvées otages de la poudreuse. Le ciel n'arrête pas de dérouler son tapis blanc et un rideau noir obstrue la vue.
Loin des médias, du monde, des yeux et surtout des autorités, des villages entiers sont toujours coupés et isolés. On ne peut atteindre certains endroits que par hélicoptère.
A Iferhounène, à 70 km à l'est de Tizi Ouzou, et bien que les autorités locales ont déployé des moyens et des efforts titanesques pour rendre un tant soit peu le sourire et la vie aux habitants des villages, inaccessibles depuis hier, la situation ne peut être décrite par les mots qui ne reflètent pas l'ampleur de la détresse et de l'angoisse des hommes, des femmes et des enfants ainsi que des responsables locaux.
Joint hier par téléphone, le P/APC d'Iferhounène, Hamid Aït Saïd, nous décrira une situation des plus catastrophiques au niveau de certains endroits qu'ils ne peuvent plus atteindre.
«Les Tirourda et Aït Atsou, dira le premier responsable de cette commune, des villages qui culminent à plus de 1200 mètres d'altitude, sont hors d'atteinte, comme ceux d'Ibelkissen et Aït Mazar, où la neige a atteint des épaisseurs insoupçonnées. A cela viennent se greffer les risques d'avalanche et les glissements de terrain qui rendent l'ouverture des accès impossibles. On peut pas assurer qui que ce soit, à partir de maintenait (hier ndlr).
Même situation aussi en ce qui concerne Tizi N'Koulal vers Boudel. La situation qu'il décrit est catastrophique. D'ailleurs, il na pas hésité un instant à la qualifier comme telle.

«A partir de maintenant nous demandons l'intervention de l'armée»
Le P/APC d'Iferhounène a lancé un appel à l'endroit des autorités pour qu'elles déploient des unités de l'Armée nationale populaire dans ces villages. En plus des villages cités, le P/APC ajoutera que les moyens dont dispose la localité ne répondent plus devant l'ampleur de la catastrophe.
D'ailleurs, les denrées commencent à se faire rares et l'inquiétude grandit. A ce titre, le P/APC a lancé un autre appel pressant à l'endroit des pouvoirs publics : «Qu'ils nous acheminent du gasoil, du gaz, de l'huile, du lait, des denrées alimentaire, en général, au moins jusqu'aux limites de la communes d'Abi Youcef.
A partir de là, j'assume mes responsabilités et à charge pour moi de trouver le moyen de les faire arriver aux villages, mêmes ceux qui sont bloqués», dira-t-il. comme avant de lancer un autre appel à la population de ne pas succomber aux chants des sirènes de ceux qui veulent «politiser la neige» et en tirer profit. Ces appels de détresse résument la situation qui prévaut à Iferhounène qui n'est d'ailleurs pas la seule à vivre dans des conditions extrêmes.

Détresse à Aïn El Hammam
A Aïn El Hammam, le quotidien est très difficile dans plusieurs villages. En effet, plus de 150 centimètres de neige recouvrent les collines. Selon des sources locales, pas moins de 14 000 foyers étaient privés d'électricité, de gaz et de produits alimentaires. Une situation qui devient plus qu'inquiétante pour ces villageois livrés à eux-mêmes.
Dans les villages Taka, Agouni, et Igoufaf dans la commune Aït Yahia, à une vingtaine de kilomètres de la daïra de Aïn El Hammam, les habitants crient leur détresse et lancent des SOS à l'endroit des autorités. «Nous attendons toujours l'aide des autorités pour venir à notre secours. Hier, les engins de déneigement n'ont pas pu atteindre et dégager les routes qui relient nos villages au chef-lieu de la daïra»,
dira un citoyen du village Taka avant d'ajouter que «la situation commence à nous troubler, nous n'avons plus de quoi chauffer nos foyers à cause des coupures d'électricité et la pénurie de gaz. Il est même impossible d'atteindre les forêts pour couper du bois». Joint par téléphone, un autre citoyen s'affole : «Nous appréhendons la suite des intempéries. Que devrions-nous faire ?
Les enfants et les personnes âgées ne sont pas à l'abri, ils peuvent tomber malade. Combien de temps faut-il pour qu'on nous vienne en aide ?» Des questions qui taraudent les habitants des nombreux villages de cette région de haute montagne. Par ailleurs, les lycées ainsi que les collèges restent toujours inaccessibles, des vacances forcées qui risquent de perdurer jusqu'à la semaine prochaine.

Au village Agoussim (Illoula Oumalou), on se débrouille comme on peut
A Illoula Oumalou, daïra de Bouzguène, la situation est aussi difficile. Selon le P/APC, Larbi Kaïs, tous les efforts déployés depuis des jours pour déneiger sont presque tombés en désuétude après les dernières chutes d'hier. Au village Agoussim, il a dû lui-même évacuer un enfant de trois ans qui présentait des problèmes respiratoires.
Le village Hidjeb est isolé et les moyens de l'APC ne peuvent l'atteindre, nous confiera le premier magistrat de l'APC qui a relevé l'exceptionnelle épaisseur de la neige aux alentours du village. D'ailleurs, il s'est rendu hier à la wilaya de Tizi Ouzou où il a sollicité l'intervention de l'armée dans sa commune.
Quant aux villageois que nous avons contactés, hier, ils développent les plus folles appréhensions. Sofiane S. du village Agoussim, nous dira : «En ce moment, nous organisons un volontariat pour débloquer les portes des maisons. Nous n'avons que nos pelles et notre volonté pour faire face à la situation qui se complique davantage. Les gens ont peur. Ils ont peur de ne plus rien avoir à manger.
C'est vraiment difficile, la situation que nous vivons.» Non loin de là, dans la commune d'Ifigha, la situation est aussi critique. Si le centre (chef-lieu) a été dégagé, bien que la neige reprend vite le dessus, ce n'est guère la joie dans certains villages qui demeurent coupés du monde comme Achalam et Moknéa.
Les allers-retours des engins n'arrivent pas à contenir les quantités de neige qui tombent encore, notamment sur le village Aourir qui est aussi isolé. Les habitants manquent de vivres, de moyens de chauffage. Les petits commerces sont fermés. La raison ? «Ils n'ont plus rien à vendre», nous apprend Mohand A.

Ath Ali et Halouane (Boghni) hors champ
Du côté de Boghni, localité située au pied du Djurdjura, c'est aussi le désarroi. En ville, la bonbonne de gaz est cédée à 1000 dinars. Le ravitaillement est coupé, nous annonce-t-on.
Le village Ath Ali perché au pied du Djurdjura, sur la route qui mène vers Tala Guilef, dans le douar Ath Kouffi est hors champ, au même titre que le village Hellouane dans la commune voisine de Bounouh, village situé aux frontières avec la wilaya de Bouira qui est aussi injoignable.
A l'ouest de Bounouh, le village Aït Boumaza a perdu contact avec l'extérieur depuis trois jours. Même le réseau social Facebook a été utilisé pour lancer un SOS en faveur de ce village. L'appel en question est relayé par la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH).

Agouni Gueghrane, le désarroi
La commune d'Agouni Gueghrane, elle aussi nichée au pied du Djurdjura, souffre le martyre. L'épaisseur du manteau de neige dépasse tout entendement. Le village Agouni Gueghrane est coupé du reste de la commune, à l'instar de Tafsa Boumadh. Là aussi, «on s'inquiète pour le ravitaillement en denrées alimentaires, en gaz butane, en lait», nous dira un citoyen contacté au téléphone, hier.
A Larbaâ Nath Irathen, la situation redevient difficile, nous apprend le P/APC, M. Lounis, avec la neige qui tombe à nouveau. Il a tenu aussi à affirmer que les villages d'Aït Oumalou et Taddart Oufella demeurent isolés. Ceci avant d'appeler les gens de bonne volonté, notamment ceux ayant des engins, à s'impliquer activement dans les opérations de déneigement qui restent insuffisantes.
La protestation s'amplifie
La colère tant contenue depuis des jours a fini par éclater. Les actions de protestation pour dénoncer la situation d'abandon dans laquelle se sont retrouvées des régions entières. Ceci dément de la manière la plus catégorique la maîtrise de la situation annoncée par les autorités.
Et pour cause, des sièges d'APC ont été assiégés, des sit-in et des rassemblements tenus un peu partout pour réclamer une prise en charge. A Boudjima, Makouda, Mizrana, les populations ont observé des actions de protestation devant les sièges des APC, ces deux derniers jours,
tout comme à Azazga et Yakourène, région fortement éprouvée par la neige, où des sit-in ont été observés devant les sièges de Sonelgaz. Hier matin, et en plus des habitants des villages de Sidi Ali Bounab, ceux d'Ath Ziki ont bravé les montagnes de neige en organisant une marche jusqu'au chef-lieu de la daïra de Bouzguène pour réclamer une prise en charge.
Il est à signaler également que l'usine d'électroménager de Oued Aïssi, Eniem, restera fermée jusqu'à dimanche, les travailleurs étant bloqués dans leurs villages.
Ni l'annonce de l'arrivée de 217 000 tonnes de gaz butane acheminées depuis d'autres wilayas et encore moins celle liée à la mobilisation dès la journée d'hier par les services de sécurité de leurs moyens pour déneiger les routes ainsi que la mise de deux numéros verts le 15 48 et le 17 mis à la disposition des citoyens, ne peuvent régler les choses. La vraie misère est là haut, dans ces montagnes d'où ne sortent presque pas les cris de détresse que ne peuvent entendre certaines oreilles.


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