Il est significatif que le ministre espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération, José Luis Garcia-Margallo, se fasse accompagner de son collègue de l'Energie, José Manuel Soria, durant sa visite demain à Alger. C'est la première fois que des membres du nouveau gouvernement Mariano Rajoy effectuent une visite au Maghreb, ce qui donne un aperçu de l'intérêt que porte l'Espagne à ses relations économiques avec l'Algérie. Le président du gouvernement espagnol avait annoncé, au lendemain de son investiture, le 21 décembre dernier, que la coopération économique sera la priorité de la diplomatie espagnole. Selon une source gouvernementale espagnole, citée par les agences de presse, la question énergétique sera au centre des entretiens que les deux ministres espagnols auront avec les autorités algériennes. D'autres thèmes seront, sans doute évoqués aussi, à cette occasion, comme la lutte antiterroriste dans la région, le «Printemps arabe» ou l'immigration clandestine à destination de l'Espagne. Du côté espagnol, la visite des deux ministres n'est qu'une «première prise de contact entre Alger et Madrid» à la suite de l'arrivée du Parti Populaire au pouvoir en Espagne. Le froid qui s'est abattu sur l'Europe ce mois de février, provoquant des ruptures de stocks de gaz naturel en Italie, fait réfléchir les Espagnols sur la nécessité de renforcer la coopération énergétique avec l'Algérie, un pays voisin, auquel l'Espagne est reliée depuis avril dernier par le Medgaz. Ce gazoduc de 200 km sous mer, reliant directement Béni Saf à Almeria, assure le quart des approvisionnements du marché espagnol en gaz naturel. En plus, il n'existe plus entre Sonatrach et Gas Natural Fenosa de litige gazier puisque, en 2011, un accord est intervenu entre ces deux entreprises mettant un terme au contentieux qui les a opposé sur les prix du gaz algérien vendu à l'Espagne entre 2007 et 2009. Cette première prise de contact permettra, également, de fixer les grands thèmes qui seront à l'ordre du jour de la prochaine haute réunion mixte algéro-espagnole, dans le courant de l'année. Le gouvernement espagnol, mais aussi les régions autonomes, veulent multiplier les visites d'affaires en Algérie à la faveur du plan de développement 2010-2014. De nombreux chefs d'entreprise espagnols se déplacent régulièrement à Alger et Oran à la recherche d'opportunités d'affaires. L'Espagne, on le sait, fait face à une crise économique des plus sévères, marquée par la paralysie des activités de secteurs-clés de l'économie comme la construction. Le nombre des chômeurs devrait avoisiner les 6 millions d'ici la fin de l'année alors que le déficit public atteindra, selon les prévisions de Bruxelles confirmées par Madrid, plus de 8% du PIB espagnol.