Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a adressé dimanche un message aux travailleurs algériens à l'occasion du double anniversaire de la création de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et de la nationalisation des hydrocarbures, dont voici le texte intégral: A Monsieur Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA, Aux travailleuses algériennes, Aux travailleurs algériens, En cette année où nous nous apprêtons à commémorer le cinquantenaire de l'Indépendance de notre pays, la commémoration du 24 février, date anniversaire de la création, en 1956, de l'Union générale des travailleurs algériens et de la nationalisation, en 1971 des hydrocarbures, nous rappelle fondamentalement la symbolique rattachée à ces deux événements s'agissant de l'unité de la libération du pays et de son édification. Il faudrait rappeler ici, le rôle joué par les travailleuses et travailleurs à chaque phase cruciale de l'histoire contemporaine de notre pays. Militants conscients et éclairés de l'indépendantisme au début du siècle dernier, combattants héroïques durant la guerre, bâtisseurs à la libération, engagés et vigilants dans la défense de la République, participant à la stabilité et à la sécurité du pays, ils ont été de toutes les luttes que l'Algérie a menées pour l'émancipation nationale. Ils ont consenti tous les sacrifices et ont même eu à payer de leurs vies cet engagement. L'UGTA est restée, tout au long de son histoire, une grande organisation syndicale qui a su unir dans un même combat les aspirations sociales et le devoir national des travailleurs algériens. Elle continue à le faire aujourd'hui, apportant en même temps sa contribution spécifique à l'amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs et à la pacification du climat général pour garantir la stabilité de notre pays. Nous observons et apprécions le rôle qu'elle joue au sein de la Tripartite, cet espace ouvert pour le dialogue et la concertation entre le Gouvernement, le Patronat et l'UGTA. Nous apprécions également son évolution dans le nouveau paysage du monde du travail au sein duquel émergent des couches socioprofessionnelles de plus en plus diversifiées et qui se caractérise aujourd'hui par un véritable pluralisme syndical. L'hommage mérité que nous rendons aujourd'hui aux travailleuses et travailleurs n'est pas une simple glorification du passé. C'est surtout un rappel du rôle qu'ils continuent à jouer dans le développement du pays et de celui, de plus en plus important, que les nouvelles générations formées, qualifiées, ouvertes au monde moderne, progressant au rythme des progrès des sciences et des technologies de leur époque. Dans de nouvelles conditions et sans doute avec de nouvelles exigences, ils ne manqueront pas à leur devoir, et, comme leurs aînés, ils auront de nouvelles et grandes ambitions pour notre pays. Le 24 février 1971 est une date glorieuse qui est entrée dans l'histoire de notre pays par la grande porte, puisque nous avons annoncé, ce jour-là, la décision de la nationalisation des hydrocarbures, marquant ainsi, de manière forte, la continuité du processus devant mener au bénéfice entier de l'indépendance nationale. Nous avons de même marqué une nouvelle fois, ce jour-là, notre profonde confiance dans les capacités des jeunes Algériens à prendre en main les destinées d'une industrie sensible et à la technologie hautement développée. Les rares cadres, ingénieurs et techniciens que comptait alors Sonatrach, ont en effet su prendre en charge courageusement et avec succès l'exploitation des gisements de pétrole et de gaz que les compagnies étrangères avaient abandonnés. Le chemin parcouru depuis est jalonné de réalisations industrielles impressionnantes qui placent notre pays parmi les acteurs majeurs de l'industrie mondiale des hydrocarbures. Ces ressources naturelles non renouvelables demeurent encore un enjeu important et parfois même décisif du développement économique national et des évolutions géopolitiques internationales. Nous continuons à nous efforcer de veiller à leur valorisation optimale dans l'intérêt de notre économie et de notre peuple et à encourager l'instauration durable de relations de coopération équitable au profit aussi bien des pays producteurs que des pays consommateurs, écartant l'esprit de confrontation et le désordre des marchés préjudiciables à l'ensemble de la communauté internationale. C'est la totale maîtrise de nos ressources en hydrocarbures qui nous a permis d'envisager et de mettre en œuvre les politiques énergétiques appropriées pour leur développement. C'est ainsi, qu'à côté des efforts d'investissements massifs réalisés par l'Etat algérien dans l'acquisition des équipements, dans la construction des installations industrielles et dans la formation des hommes, nous avons su établir des partenariats hautement avantageux avec des compagnies étrangères et adapter, chaque fois que de besoin, notre législation en conséquence, mais sans porter atteinte à notre souveraineté nationale sur nos ressources naturelles. Notre pays a indéniablement enregistré de grandes réalisations comme la mise en évidence de grandes réserves d'hydrocarbures, le développement et l'exploitation de gisements géants de gaz et de pétrole, la liquéfaction et le traitement du gaz, le raffinage du pétrole et la transformation aval, et l'exploitation de vastes systèmes de transport avec des gazoducs transcontinentaux et ce n'est pas le moins important, la formation et le recrutement de dizaines de milliers de jeunes Algériens. S'il ne manque pas de reproches à faire à Sonatrach, et si nous sommes attentifs aux correctifs apportés, il ne serait ni juste ni loyal de s'abstenir de rendre un hommage appuyé aux travailleurs et aux cadres de cette grande entreprise pour les efforts déployés depuis sa création, il y a bientôt cinquante ans, et en particulier depuis le 24 février 1971 et son accès subséquent au statut de compagnie pétrolière de taille internationale. Au cours de ces quarante dernières années, la production pétrolière a doublé et l'industrie gazière place désormais l'Algérie parmi les pays leaders, alors que nos exportations ont plus que triplé durant la même période. Cependant, l'approvisionnement du marché national, comme l'introduction massive du gaz naturel dans les foyers, sa fourniture aux secteurs de l'industrie ou de l'agriculture restent parmi nos priorités. Etant entendu que l'électrification de toutes les régions du pays a connu de très grandes avancées. Les effectifs de Sonatrach ont été multipliés par cinq depuis 1971. Et la reconnaissance de leur mérite et d'autant plus légitime, que je suis convaincu qu'ils ne vont ménager ni leurs forces ni leurs idées pour relever les nouveaux défis que le secteur des hydrocarbures est appelé à relever. Le formidable potentiel de nos ressources en hydrocarbures a constitué un levier décisif pour l'édification du pays et les grandes réalisations économiques, culturelles et sociales dont bénéficie notre peuple depuis l'indépendance. Pour l'heure, les hydrocarbures et les ressources financières qu'ils procurent au pays sont, et devront continuer à être, au service du bien-être de l'ensemble des Algériens. Ils ont indéniablement contribué jusqu'ici au financement des grands accomplissements qui éclairent sur les ressorts de notre Nation. Chacun au sein de notre peuple, peut constater, à travers l'ampleur et les dimensions impressionnantes des programmes d'investissement que les pouvoirs publics ont lancés, notre volonté irréfragable de donner, malgré un environnement international chaotique du fait d'une grave crise économique et un contexte régional à la recherche de sa stabilisation, une qualité nouvelle aux réponses à donner à toutes ces questions et de réserver, dans ce cadre, à la jeunesse la part du lion dans le plan quinquennal en cours. Cette qualité nouvelle dans l'approche va être largement confortée dans la pratique par les profondes réformes politiques que nous avons engagées, réformes qui nous permettront d'arriver au parachèvement d'un Etat de droit, et d'ouvrir grande la voie à la participation des citoyens aux décisions qui les concernent et au libre choix de leur représentants dans toutes les institutions depuis les Assemblées populaires communales et les Assemblées populaires de wilaya jusqu'au Parlement. C'est sur ces bases largement démocratisées que nous appelons les Algériennes et les Algériens à élire avec sérieux et responsabilité leurs députés en mai prochain, pour doter le pays d'une nouvelle Assemblée nationale digne de la confiance du peuple, qui sera mandatée pour participer, au nom de la Nation, à la révision constitutionnelle. Cet immense chantier politique et institutionnel est l'opportunité pour les jeunes de s'approprier la tâche d'insérer notre pays plus profondément, dans la paix et la sérénité, dans la voie de la modernisation en consolidant l'Etat et en fortifiant la Nation en phase avec les rythmes de la mondialisation. C'est une tâche exaltante qui attend chacun. Nous y voyons bien aujourd'hui, l'unité de la trajectoire historique de notre pays.