Invité à assister au colloque international sur l'Emir Abdelkader par les organisateurs, en tant que président de l'association France-Algérie, l'ex-ministre et sénateur de la région de Belfort, M. Jean-Pierre Chevènement, a amicalement accepté de livrer cette entrevue au Temps d'Algérie en marge des travaux de cette grande rencontre scientifique qu'abrite la capitale des Zianides en ce moment. Le Temps d'Algérie : Monsieur le ministre, vous présidez actuellement l'association France-Algérie. Peut-on connaître le rôle et les objectifs de cette association dans le renforcement des relations algéro-françaises ? Jean-Pierre Chevènement : Notre association a pour objectif de concourir au développement de relations amicales et au progrès de la coopération entre Algériens et Français. En relation avec cet objectif, elle combat le racisme, la xénophobie et toutes formes de discrimination fondées sur l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion. Depuis 2005, elle favorise et soutient, en accord avec les instances algériennes, les projets de toute nature économique, culturelle et surtout humaine qui renforcent la connaissance réciproque des sociétés. Elle est résolument prospective et essaye de dessiner les contours de ce que pourrait être un partenariat de longue durée entre les deux pays dans les domaines économique, diplomatique et culturel qui tienne compte aussi de l'importance de la dimension humaine de nos relations.
Quelles actions immédiates comptez-vous entreprendre ? A la veille du cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, nous souhaitons tracer les contours de ce que pourrait offrir une relation algéro-française féconde dans le domaine de la croissance, de l'emploi, de l'investissement, de l'énergie mais aussi dans le domaine de la culture, de l'édition, du cinéma, ou encore dans la coopération universitaire et scientifique ou l'aménagement du territoire. Nous avons beaucoup à faire ensemble et nous traiterons aussi de l'évolution en miroir de nos deux sociétés, du regard croisé de nos médias. Enfin, dans la globalisation, l'Algérie et la France pourront-elles trouver le chemin d'une action capable de peser sur les affaires du monde ? Nous en sommes convaincus et nous militons dans cette perspective.
Comment jugez-vous alors les relations algéro-françaises actuellement ?
Il est vrai qu'elles traversent des turbulences, mais les deux pays ont de formidables potentialités dont on n'est pas encore conscient. Les deux pays sont un axe fort qui relie les deux rives de la Méditerranée et qui pourrait devenir à l'avenir un axe porteur d'énormes opportunités pour toute la région et le continent africain. Ce qui ne sera que bénéfique pour nos deux peuples pour peu que nos deux pays s'impliquent davantage pour surmonter les obstacles et assainir tous les contentieux qui minent nos relations et ensuite bâtir une relation durable dans tous les domaines basée sur le respect et les intérêts mutuels de nos deux peuples qui restent liés par tant de facteurs. L'Algérie s'est engagée dans de profondes réformes politiques qui seront couronnées prochainement par des élections législatives. Comment sont perçus ces changements par les partis politiques français ou les Français en général ?
L'Algérie renferme d'énormes potentialités et surtout des compétences humaines. Elle a les capacités pour réussir ces réformes politiques qui engageront le pays dans la voie de la modernité et consolider les acquis démocratiques. Ces changements donc ne peuvent que nous réjouir et nous réconforter dans nos convictions profondes. Vous assistez aujourd'hui au colloque d'un grand personnage dans l'histoire de l'Algérie. Que représente pour vous l'Emir Abdelkader ?
L'Emir Abdelkader est une figure de l'histoire qui a marqué la résistance de la conquête française en Algérie. C'est un stratège, homme d'Etat, spiritualiste, poète, humaniste et autant de grandes valeurs réunies dans ce grand personnage du 19e siècle. Les Algériens peuvent être fiers d'avoir un pareil génie dont le message a traversé le siècle. Il est impossible de trouver un pareil exemple. Enfin, je dirai que je suis très heureux de partager ces moments avec le peuple algérien en général et celui de Tlemcen en particulier, où j'ai apprécié beaucoup de choses comme la musique andalouse et le patrimoine culturel et historique.
