C'est aujourd'hui que les Russes se rendront aux urnes pour élire parmi les cinq candidats en lice leur président pour un mandat de six ans. Le Premier ministre sortant, Vladimir Poutine, le communiste Guennadi Ziouganov, le nationaliste Vladimir Jirinovski, le socialiste Sergueï Mironov et le candidat indépendant Mikhaïl Prokhorov sont en course pour ce poste pour lequel a été disqualifié le cofondateur du parti libéral Iabloko Grigori Iavlinski, en raison d'irrégularités commises lors de la collecte de signatures en sa faveur. La campagne présidentielle de 2012 s'est déroulée sur fond de manifestations organisées par les partisans de chacun des cinq candidats. Commencées au lendemain des législatives de décembre 2011 pour dénoncer les fraudes électorales, ces manifestations ont réuni des centaines de milliers de personnes dans tout le pays. «Pour des élections honnêtes», a été le slogan qui a inspiré les rassemblements des opposants au régime en place. «Nous avons quelque chose à perdre», ont inscrit sur leurs banderoles les partisans de Vladimir Poutine. Ces prises de position ont atteint leur point culminant avec le meeting du 24 décembre qui a réuni, avenue Sakharov à Moscou, de 30 000 à 120 000 soutiens des réformes. Les partisans du régime en place ont répondu le 23 février par une manifestation qui a rassemblé quelque 130 000 supporters dans le stade moscovite Loujniki. Les autorités officielles n'ont pas tardé à réagir aux revendications de l'opposition. Le 22 décembre 2011, le président Dmitri Medvedev a plaidé pour une réforme en profondeur du système politique russe. Il a notamment proposé de revenir à l'élection directe des gouverneurs de régions, de réduire le nombre de signatures requises pour participer à l'élection présidentielle et de faciliter l'enregistrement des partis. Cette effervescence politique a mis à l'avant-scène des figures jusqu'à présent inconnues du grand public : le blogueur Alexeï Navalny considéré par les médias occidentaux comme le chef de file de la lutte contre la corruption, et le leader du mouvement d'opposition Front de gauche Sergueï Oudaltsov. Tous les deux ont à plusieurs reprises défrayé la chronique par leurs démêlés avec les forces de l'ordre. Volonté de renforcer la Russie, point commun des candidats Bien que tous différents, les programmes des cinq candidats ont pour point commun la volonté de renforcer la Russie. M. Ziouganov plaide pour une nationalisation du secteur énergétique, des institutions financières, de l'industrie aéronautique et du transport ferroviaire. Il promet de réduire les impôts sur les sociétés de production et de rendre l'éducation nationale entièrement gratuite. Le leader du Parti libéral-démocrate de Russie, Jirinovski, estime qu'il est nécessaire de défendre les droits des Russes ethniques dans les régions du pays peuplées d'ethnies non slaves. Il propose également de convertir les compagnies productrices de pétrole et de gaz en «entreprises du peuple» et de distribuer leurs actions parmi les citoyens de la Russie. M. Jirinovski est persuadé qu'il faut diviser par 20 le nombre de milliardaires et répartir les recettes publiques entre tous les ressortissants du pays. Pour sa part, Mironov propose de nationaliser les ressources naturelles, les systèmes énergétiques, les réseaux de transport, ainsi que les entreprises stratégiques et militaires. Les banques privées doivent disparaître. Chaque fonctionnaire est tenu de rendre compte de l'origine de ses biens et de ses avoirs. Les biens illégalement acquis doivent être confisqués et nationalisés. Poutine plaide pour un renforcement du complexe militaro-industriel qui doit relancer, selon lui, le moteur de l'économie russe, et soutient l'idée d'instaurer une «taxe sur le luxe». Le candidat du parti Russie unie est persuadé que le pays a besoin d'une opposition légale et propose de renouveler les mécanismes démocratiques compte tenu de l'activité citoyenne croissante. Le milliardaire Mikhaïl Prokhorov, qui se dit libéral, met l'accent sur le rôle des milieux d'affaires dans la vie du pays. Il propose de réduire l'influence de l'Etat sur l'économie et de réformer le système fiscal du pays. Il souligne également la nécessité de créer de puissantes régions industrielles le long de la frontière avec la Chine afin de prévenir l'expansion de la main-d'œuvre et des capitaux chinois dans ces régions.