Le Premier ministre russe et candidat à la présidentielle Vladimir Poutine n'a pas exclu la possibilité de réserver certains postes gouvernementaux à l'opposition en cas de victoire à l'élection de mars 2012. Lui, qui bombait le torse avant les législatives de l'automne 2011 et leurs vagues ininterrompues d'opposants à son mandat, se fait tout miel : “Je vais inviter des gens responsables venant de partis considérés comme de l'opposition, par exemple Juste Cause et Labloko, des personnes qui travaillent efficacement. Je ne vois rien d'impossible à cet égard”, a répondu Poutine lors d'une rencontre avec de jeunes juristes de son camp, à la question de savoir s'il était prêt à proposer des postes à ses adversaires politiques ! L'ancien patron de l'ex-KGB, qui se dit converti à l'ouverture politique, n'exclut pas des représentants de l'opposition au sein de son prochain exécutif ! “Je ne l'exclus pas”, affirme-t-il, lui qui, en une douzaine d'années à l'intérieur du Kremlin comme second d'Eltsine, puis comme président de la Russie durant deux mandats consécutifs, et quatre année comme Premier ministre, mais toujours homme fort du pays, avait réduit à presque rien l'opposition, qu'elle soit communiste, nationaliste ou démocratique. Durant les seize années de son règne, il n'y avait que pour Russie unie qu'il a essayé de promouvoir comme le parti unique de la Russie avec les relents passéistes de l'ex-PC gigantesque et omniprésent. Jusqu'ici, comme ses pairs autocrates, Poutine a toujours fait fi de son opinion publique lorsqu'elle ne va pas dans son sens. Liberticide, Poutine a fini par sortir de sa réserve Gorbatchev, l'homme de la Perestroïka et de la chute du système de parti et de pensée uniques. L'élection présidentielle russe aura lieu le 4 mars 2012, la commission électorale centrale a enregistré cinq candidats : Vladimir Poutine de Russie unie, le parti-Etat ; le communiste Guennadi Ziouganov ; le nationaliste Vladimir Jirinovski (Parti libéral-démocrate), le centre gauche Sergueï Mironov de Russie juste et l'oligarque Mikhaïl Prokhorov, sous la couleur d'indépendant. Outre, les commissions administratives ad hoc, la course de 2012 devrait être surveillée par des jeunes juristes en qualité d'observateurs “indépendants”, suspectés proches de Poutine, le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme (BIDDH) de l'OSCE enverra plus de 200 observateurs. 40 experts de “longue durée” sont à Moscou depuis le 26 janvier, avant de se rendre, après consultations, vers différentes régions de Russie. À la veille de l'élection, 160 observateurs de “courte durée” arriveront en Russie pour surveiller le déroulement du vote et le dépouillement du scrutin, et faire la synthèse des résultats. Un rapport d'activité sera publié par l'OSCE au lendemain du vote, et un rapport final deux mois après l'élection. D. B.