«Je ne suis plus président de la JSM Béjaïa. Je suis fatigué et malade, il est temps pour moi de céder ma place à quelqu'un d'autre.» C'est un Boualem Tiab à la voix de quelqu'un de très fatigué que nous avons eu au téléphone hier matin. Il était à Marseille où il doit commencer ce matin dans un des hôpitaux de cette ville une série d'analyses et d'examens avant son hospitalisation vers la moitié du mois de mars en vue de subir une nouvelle intervention chirurgicale. «Ce que j'ai affirmé vendredi au stade de Béjaïa après le match de Coupe d'Afrique entre la JSMB et le FC Foullah n'était en rien un canular. Je suis bien partant. Mon poste de président du club béjaoui est désormais vacant. Mon état de santé ne me permet plus de diriger la JSMB. Je quitte ce club mais je reste son plus fidèle supporter car j'ai ses couleurs dans le sang. Je continuerai à aller la voir jouer au stade.» Prié de nous faire savoir comment va être gérée la transition à la tête de la JSMB, Boualem Tiab nous fera savoir qu'un intérim sera assuré par son frère Zahir. «C'est lui qui devrait prendre la suite comme président du club mais pour cela, il devra avoir le quitus du conseil d'administration de la SSPA. Les actions majoritaires de celle-ci sont détenues par l'entreprise familiale Tiab mais aussi par le club amateur. Ce seront eux qui devront donner leur aval pour que Zahir devienne le nouveau président de la JSMB. Cela devrait se faire très rapidement, dans le courant de cette semaine.» Avec le départ de Boualem Tiab, c'est une page de la longue histoire de la JSMB qui va être tournée. Mais pour rester dans la continuité, car son frère Zahir a déjà occupé les fonctions de vice-président et de président la section football. En somme, la famille Tiab n'abandonnera pas la JSMB. Il n'y a pas si longtemps, la semaine dernière exactement, Boualem Tiab a reçu l'hommage qu'il méritait en recevant l'ordre du mérite du football national de la part de la Fédération algérienne de football pour les services qu'il a rendus à ce sport. Il avait également été honoré en tant que doyen des présidents de clubs algériens. C'est en effet en 1974 que Boualem Tiab avait accédé à la présidence de la JSMB, et ce, jusqu'à 1978, année où le club avait été mis en veilleuse pour ne pas tomber dans les rets de l'APC, conformément aux dispositions du code de l'EPS de l'époque. Le club béjaoui était ainsi resté en hibernation jusqu'en 1991, soit deux ans après que le code de l'EPS de 1977 ait été abrogé. Boualem Tiab avait repris les rênes de ce club à partir de la division d'honneur alors que la JSMB était en nationale II quand elle avait gelé ses activités en 1978. Il a continué à présider ce club jusqu'à vendredi dernier quand il a annoncé son retrait définitif. Avec lui, la JSMB n'a fait que grandir passant de la division d'honneur à la Ligue 1 professionnelle au sein de laquelle elle fait aujourd'hui partie des meilleurs clubs du pays. Avec lui, le club béjaoui a remporté une Coupe d'Algérie (2008) et a été vice-champion d'Algérie (2011). Avec lui, la JSMB s'est hissée au rang international, participant cette année à la prestigieuse Ligue des champions africaine après avoir pris part par deux fois à la Coupe de la CAF. Elle a également participé à la finale de la Coupe de l'Union nord-africaine de football (Unaf) des vainqueurs de Coupe en 2009. Grâce à lui, donc, la JSMB peut s'enorgueillir de jouer désormais dans la cour des grands. Il en a fait un club respecté et respectable, lui-même étant un président dont tous ses pairs ne cessent de vanter les mérites. Il a reçu un vibrant hommage vendredi dernier au stade de l'Unité maghrébine de la part du président de la Ligue de football professionnel, Mahfoud Kerbadj, qui a déclaré que «le football algérien va se priver d'un homme exceptionnel. M. Tiab est un dirigeant qui a mis toute son énergie et ses moyens au profit de son club. Grâce à lui, la JSMB a accédé au rang des clubs les plus respectés en Algérie.» Boualem Tiab continuera à fréquenter les stades mais en qualité de simple spectateur et de supporter du club qu'il a tant chéri. Nul doute qu'il sera, toujours, consulté en vue d'éventuels conseils tant son expérience dans le domaine est riche. Son frère Zahir qui va prendre la suite sait qu'il aura un grand défi à relever, celui de continuer à faire grandir la JSMB. Etant un Tiab, on peut être sûr que le club béjaoui est resté entre de bonnes mains.