La visite qu'effectue aujourd'hui le ministre des Affaires étrangères en Libye est-elle liée aux récentes déclarations des responsables libyens et leurs menaces de rompre les relations avec l'Algérie ? Mourad Medelci, qui affirme que celle-ci entre dans le cadre d'une «série de visites», a toutefois déclaré hier que la sienne a pour but d'«écouter» les responsables libyens sur ce qu'ils considèrent comme «points importants» pour les relations bilatérales. «Nous allons examiner tous les points et surtout écouter nos amis libyens sur ce qu'ils considèrent comme étant les points d'ancrage les plus importants de nos relations bilatérales», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, en marge de la cérémonie d'ouverture de la session de printemps 2012 de l'Assemblée populaire nationale (APN). «Nous allons les écouter puis nous vous tiendrons informés», a-t-il précisé à la presse. Le chef de la diplomatie algérienne a, toutefois, qualifié cette visite, prévue sur une journée, d'«étape s'inscrivant dans une série de visites à effectuer dans les deux pays», précisant également qu'elle intervient suite à plusieurs rencontres bilatérales. Pour étayer ses propos, Medelci a cité la rencontre du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avec le président du Conseil national libyen de transition (CNT), Mustapha Abdeljalil, les entretiens entre les Premiers ministres des deux pays à Addis Abeba ainsi que la visite effectuée, il y a quelques semaines, par une importante délégation algérienne conduite par le secrétaire général du ministère de l'Intérieur. M. Medelci a ajouté qu'«il n'y a rien à normaliser entre les deux pays qui ont des relations normales». Sa visite s'inscrit donc, comme a eu à le préciser le porte-paroles des AE, «dans le cadre de la concertation politique sur des questions d'intérêt commun et traduit la volonté des deux pays de renforcer leur relation de coopération». Pour rappel, Mustapha Abdeljalil avait menacé de rompre les relations diplomatiques avec l'Algérie et le Niger au cas où ils persisteraient à refuser de livrer à la justice libyenne les membres de la famille de Mouammar Kadhafi, lesquels ont trouvé refuge sur leurs sols à la veille de la chute de Tripoli. «Nous avons déjà adressé nos exigences aux Etats concernés, mais ils refusent de prendre des mesures pour extrader les partisans de Kadhafi vers la Libye et les empêcher d'agir contre la Libye», avait-il déclaré, affirmant que «Tripoli pourrait rompre (ou réexaminer) les relations diplomatiques avec les pays qui refuseront de coopérer». Il a averti en outre que son peuple «ne pardonnera jamais» à ceux qui refusent de lui remettre des «criminels». «Nous ne pouvons pas renvoyer les réfugiés maliens chez eux» Par ailleurs, s'exprimant sur le conflit malien, Medelci a estimé que l'Algérie ne peut pas renvoyer les réfugiés qui sollicitent son aide, tout en souhaitant que la situation qui prévaut au nord du Mali trouve sa solution. «Tant que la situation au Mali est celle que nous connaissons aujourd'hui, nous ne pouvons pas exclure les réfugiés maliens qui viennent en Algérie comme ils viennent d'ailleurs, des autres pays du voisinage», a-t-il déclaré à ce propos. «Ce que nous souhaitons, c'est que cette situation ne soit pas une situation définitive pour que les réfugiés puissent, le plus rapidement possible, repartir chez eux dans un Mali qui, non seulement est de plus en plus en train de revendiquer son unité mais de travailler, gouvernement comme opposition, à la consolidation de cette unité nationale», a-t-il souligné.