Quelle mouche a donc piqué Nicolas Sarkozy, le président français et candidat à sa propre succession, qui, à la veille de la commémoration du cinquantenaire de l'Indépendance, vient de faire dans la provocation vis-à vis de l'Algérie. Sarkozy, que les sondages établis par les spécialistes du Vieux continent désignent comme étant le dirigeant le plus impopulaire de toute l'Europe, vient de commettre la bévue de trop en affirmant que «la France ne peut se repentir d'avoir conduit la guerre d'Algérie». «Il y a eu des abus commis pendant la guerre d'Algérie», admet le président-candidat dans un entretien accordé au journal Nice Matin. «Des atrocités ont été commises de part et d'autre. Ces abus, ces atrocités ont été et doivent être condamnés, mais la France ne peut pas se repentir d'avoir conduit cette guerre», a-t-il déclaré. Du coup, Nicolas Sarkozy exclut d'un revers de la main toute possibilité de repentance de la France pour son passé colonial en Algérie, comme cela est revendiqué par certaines organisations algériennes. Sachant que ce sujet de la repentance empoisonne les relations algéro-françaises, il vient enfoncer le clou au détriment du développement de l'axe de coopération entre Alger et Paris. De part et d'autre, des diplomates, des hommes politiques et même des opérateurs du monde économique s'efforcent tant bien que mal de remettre sur les rails la coopération algéro-française, loin des sujets qui fâchent ou d'ordre passionnel et ce, pour l'intérêt des deux pays et de leurs peuples. Sarkozy vient tout simplement de rendre les choses plus difficiles alors que les efforts consentis en termes d'un meilleur rapprochement entre Alger et Paris sont colossaux. L'on sait évidemment qu'en période électorale, tous les coups sont permis, à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'une campagne pour l'élection présidentielle. En ce sens, les propos de Sarkozy, si l'on s'efforce de leur accorder un sens, ont pour seul objectif de «séduire» les harkis et certains pieds-noirs très concentrés dans la ville de Nice (sud-est de la France) où il a été en déplacement pendant la journée d'hier. Le président candidat devait en effet se «racheter» auprès de harkis et des pieds-noirs à qui il avait promis durant sa campagne électorale de 2007 de reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des harkis. Une promesse non tenue et faisant l'objet de reproche exprimé à l'endroit du président-candidat par plusieurs associations de harkis activant en France. Dans l'entretien qu'il a accordé à Nice Matin, le président-candidat a d'ailleurs soutenu que «les rapatriés et les harkis ont été les victimes de la décolonisation», ajoutant que «chaque Français doit être conscient des souffrances qu'ils ont endurées». Nicolas Sarkozy s'interroge si la responsabilité de la France est celle d'avoir été une puissance coloniale ou bien d'avoir accepté un processus de décolonisation en Algérie. Il n'apporte pas de réponse à ce genre d'interrogation, car il considère simplement que la France assume son histoire et c'est tout, a-t-il dit.