Le candidat de la droite leur a promis une “discrimination doublement positive” s'il était élu à la présidence de la République, sa promesse semble avoir été du plus bel effet. Mercredi, le président du Comité national de liaison des harkis (CNLH), Boussad Azni, s'est présenté devant la presse à Paris pour annoncer sa décision. “Nous appelons toute la communauté harkie et tous nos amis pieds-noirs à voter Sarkozy dès le premier tour, a-t-il déclaré, car c'est le seul qui s'est engagé par écrit à régler définitivement le problème de la communauté harkie, à commencer par la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français dans l'abandon et le massacre des harkis après les accords de cessez-le-feu du 19 mars 1962.” “Cette revendication, a ajouté M. Azni, nous en attendons la satisfaction depuis 45 ans.” Le CNLH, qui déclare représenter quelque 150 associations de harkis, avait adopté, en novembre dernier, une “charte” destinée à être soumise à tous les candidats à la présidentielle, dans laquelle il demandait, en premier lieu, “la reconnaissance, par l'Etat français, de sa responsabilité dans l'abandon et le massacre des harkis”. M. Azni s'est par ailleurs estimé “très choqué” par la position de la candidate PS Ségolène Royal qui s'est dit “prête à reconnaître la date du 19 mars pour commémorer la fin de la Guerre d'Algérie”. “Pour nous, c'est le début de l'abandon et du massacre des harkis, a-t-il remarqué, et cela, nous ne pouvons pas l'admettre.” M. Azni, également vice-président du Haut Conseil des rapatriés, a aussi estimé que Nicolas Sarkozy a été “le seul des candidats à recevoir toutes les associations de harkis dans son quartier général et à répondre pleinement à nos attentes”. “Ségolène Royal et François Bayrou, a-t-il ajouté, ne nous ont pas reçus, pas plus que Jean-Marie Le Pen à qui du reste nous ne l'avions pas demandé.” La communauté harkie, selon ses dirigeants, comprend 800 000 personnes, dont 500 000 votants. Le 31 mars, M. Sarkozy a promis aux enfants de harkis une “discrimination doublement positive”. “Vous avez été victimes d'une double discrimination : discriminés parce que la France vous a mobilisés et vous a abandonnés ; discriminés parce que vivre dans un camp n'offre pas les mêmes chances au départ de la vie”, a déclaré M. Sarkozy en recevant des associations de harkis à son siège de campagne à Paris. “Si je suis élu, je m'engage à faire pour vous une discrimination positive, doublement positive, la discrimination positive plus, plus. Vous êtes, vous les enfants de harkis, les premières personnes vers qui nous devons engager une politique de discrimination positive”, a-t-il poursuivi. Le candidat a notamment évoqué la mise en place de “politiques individualisées” en matière de formation, d'accès à l'emploi ou au logement, ainsi que des “concours spécifiques d'accès à l'emploi public” ou “une politique particulière d'accès aux fonctions et postes politiques”. Il a souhaité que les harkis ayant été en captivité bénéficient du titre de “prisonnier de guerre” et que tous “soient considérés comme des anciens combattants”. Le candidat UMP a également souhaité “la création rapide d'une fondation pour la mémoire sur la guerre d'Algérie”, dans laquelle “les harkis (auront) toute leur place, avec les autres rapatriés”. En février, après des déclarations d'un conseiller de la candidate socialiste Ségolène Royal qui avait plaidé à Alger pour la “reconnaissance (par la France) des crimes commis par la colonisation”, M. Sarkozy avait fustigé les “adeptes de la repentance”, affirmant que “c'est aux enfants des harkis” que “la France doit des excuses”. Yacine Kenzy