Les principaux pays producteurs et consommateurs d'énergie de la planète se réunissent à partir de lundi au Koweït pour le 13e Forum international de l'énergie (IEF), une réunion dominée par les tensions sur les prix de l'or noir et une série de défis planétaires à relever. Les ministres et autres représentants des 88 pays du Forum, qui représentent ensemble 90% de l'offre et de la demande mondiale de gaz et de pétrole, se sont donné rendez-vous dans un hôtel luxueux de l'émirat pétrolier, où l'IEF se déroulera jusqu'à mercredi. Après une réception officielle lundi soir, les délégations entreront dans le vif du sujet mardi et mercredi avec une série de réunions de travail à huis clos, d'entretiens bilatéraux et un discours solennel de l'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah. Le principal sujet au menu est la volatilité des cours du pétrole brut, qui se sont maintenus au-dessus de 100 dollars le baril durant presque toute l'année dernière et ont atteint au début du mois leur sommet depuis deux ans et demi à Londres, à plus de 128 dollars, tirés par les tensions au Moyen-Orient. La menace d'un éventuel blocage par l'Iran du détroit d'Ormuz, où transite une grande partie du trafic pétrolier mondial, en rétorsion à l'embargo européen sur le pétrole iranien et à d'éventuelles frappes sur les installations nucléaires iraniennes, est dans tous les esprits. Le Forum intervient sur fond de "circonstances exceptionnelles", et "les menaces à propos du détroit d'Ormuz, la crise de la zone euro, la spéculation et la hausse des prix (du pétrole) rendent la situation plus complexe", a reconnu dimanche le ministre koweïtien du Pétrole, Hani Hussein, dans un entretien télévisé, selon l'agence de presse koweïtie KUNA. Dans ce contexte délicat, tous les participants de l'IEF s'accordent sur la nécessité de réduire la volatilité des prix du pétrole. Celle-ci "est un souci permanent qui affecte aussi bien les producteurs que les consommateurs", déstabilisant les projets d'investissements des premiers et sapant la croissance des seconds, souligne un document de travail rédigé par le secrétariat de l'IEF. Mais les diagnostics divergent profondément sur les causes de cette flambée et les moyens de la freiner. Pour les pays consommateurs, regroupés au sein de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la remontée des cours du brut l'an dernier a été provoquée avant tout par des réductions inopinées de l'offre, notamment à cause du Printemps arabe, qui a asséché temporairement la production de brut libyenne. A l'inverse, les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) soulignent dans leur document préparatoire qu'"il n'y a pas eu de pénurie de pétrole" en 2011, les autres pays producteurs ayant compensé l'absence de brut libyen, et attribuent la remontée des prix à une spéculation incontrôlée et déconnectée de l'offre et de la demande. Les délégués évoqueront également les pistes de coopération pour résoudre une série de défis planétaires, comme l'accès à l'électricité du milliard et demi de personnes qui en sont privées, et les investissements considérables pour assouvir la demande mondiale d'énergie, appelée à grimper d'un tiers selon l'AIE et de 50% selon l'Opep d'ici 2035. L'évolution du paysage énergétique sera aussi au centre des débats. Selon les experts de l'AIE et de l'Opep, le pétrole devrait maintenir sa prééminence sur les autres sources d'énergie dans les vingt ans qui viennent, mais coûtera de plus en plus cher à extraire, tandis que gaz et charbon semblent promis à un "âge d'or", et que la catastrophe de Fukushima a freiné la "renaissance" du nucléaire.