Alors que les prix du brut s'envolaient hier au-dessus de 106 dollars le baril à Londres, près de 90 pays, représentant 90% de la demande et de la production de pétrole et de gaz dans le monde, ont signé, hier à Riad, une charte visant à renforcer le dialogue entre producteurs et consommateurs pour accroître la transparence et la stabilité des marchés énergétiques. Les membres signataires de cette charte s'engagent à coordonner leurs politiques et leurs efforts pour combattre la volatilité des prix énergétiques, notamment en renforçant la transparence et la fiabilité des statistiques du secteur. "87 Etats ont déjà approuvé la charte de l'IEF, et nous sommes réunis aujourd'hui pour confirmer officiellement l'approbation de cette charte", a dit le prince Abdelaziz ben Salman ben Abdelaziz, adjoint du ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi, à l'ouverture d'une réunion ministérielle du Forum international de l'énergie (IEF). Bien que non contraignante, "cette charte apportera une nette amélioration au dialogue et à la coopération entre les différentes parties", tout en renforçant le rôle et l'importance du Forum, a abondé M. Nouaïmi. L'IEF réunit régulièrement depuis 20 ans les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et les pays consommateurs de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), auxquels se sont ajoutés la Russie, la Chine, le Mexique, le Brésil, et nombre de pays en développement. L'Algérie a été élue lors de la dernière réunion du conseil exécutif de l'IEF, comme pays co-organisateur du prochain forum ministériel prévu en 2012 au Koweït. La réunion de Ryad devrait cependant rester centrée sur le fonctionnement général du marché, et ne pas s'attarder sur la conjoncture actuelle ou l'impact possible de la révolte libyenne, avaient averti lundi les organisateurs du Forum. Néanmoins, le secrétaire américain adjoint à l'Energie, Daniel Poneman, a appelé hier à Riad l'ensemble des pays producteurs de pétrole, dont ceux de l'Opep, à accroître leur production en réponse à la récente envolée des cours du brut. "Au cours des derniers mois, nous avons vu une demande croissante, sur fond de reprise économique, tirer les prix (du pétrole) vers le haut, et on s'attend à ce que tous les pays producteurs augmentent la production qu'ils apportent au marché pour répondre à cette tendance", a-t-il indiqué à la presse. "Je pense que les pays producteurs ont bien reçu les signaux du marché", et l'accroissement de la production "est, on l'a vu dans le passé, une réponse qui permet de corriger" une hausse des prix, a ajouté M. Poneman, en marge d'une conférence ministérielle du Forum international de l'Energie. "Nous sommes inquiets de la possibilité que des prix trop forts n'exercent un effet négatif sur la croissance économique" des pays consommateurs, a reconnu M. Poneman, sans toutefois préciser quel niveau de prix les Etats-Unis pourraient juger trop élevés. A l'instar des ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Daniel Poneman a cependant estimé qu'"il n'y avait pas pour le moment de pénurie physique" sur le marché, notant que les pays producteurs revendiquent des capacités excédentaires importantes. Le prix du panier de douze qualités de pétrole brut qui sert de référence à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a franchi la barre des 100 dollars pour la première fois en deux ans et demi, pour atteindre 100,59 dollars, selon un communiqué hier. Ce prix de référence est une compilation de prix constatés lundi, alors que la révolte secoue le régime en Libye, l'un des principaux pays exportateurs de l'Opep. Il était de 99,08 dollars vendredi. Le Forum international de l'Energie (IEF), réuni à Riad, comprend les pays de l'Opep et les pays consommateurs de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), auxquels se sont joints la Russie, la Chine, le Mexique, le Brésil, et nombre de pays en développement.