Les militaires invalides mis en retraite renouent avec la protestation. Ils ont observé hier un sit-in devant l'université d'Alger afin d'exiger la régularisation de leur situation socioprofessionnelle. Ils menacent d'investir la rue le 10 mai si leurs revendications ne sont pas prises en charge avant cette date. Plus d'une centaine d'anciens militaires appelés, toutes catégories confondues, à savoir des contractuels radiés pour différents motifs, des militaires de réserve victimes d'accidents du travail et des victimes d'accidents imputables à des maladies chroniques ont bravé l'interdit en organisant un rassemblement à Alger pour revendiquer leurs «droits». Quadrillé par un grand renfort de police, ils ont brandi des slogans pour dénoncer la politique de «marginalisation» adoptée par le gouvernement à leur égard, «les privant de toute indemnisation, alors qu'ils ont servi le pays dans les moments les plus pénibles de l'histoire». Les contestataires ont tenté de marcher vainement vers le ministère de la Défense, mais les policiers avaient déjà encerclé toutes les issues possibles. Leur action pacifique s'est d'ailleurs vite transformée en confrontation avec le service d'ordre imposant mobilisé sur les lieux. Ils ont fini par être repoussés sur un périmètre très réduit. Avec l'action d'aujourd'hui, les militaires invalides scellent leur quatrième mouvement de protestation. Ils avaient, à maintes reprises, été empêchés de tenir leurs rassemblements. Il y a quelques mois, ils ont observé un sit-in ouvert de jour comme de nuit à quelques mètres de la présidence de la République. Révoltés et lourdement affectés par la répression qui leur a été réservée comme accueil, les ex-militaires ont menacé d'investir la rue le jour du scrutin du 10 mai. Cette décision est motivée par le fait que le ministère de la Défense n'ait pas respecté ses engagements. A cet effet, ils déclarent avoir totalement perdu confiance en leur tutelle, qui les a ignorés et abandonnés à leur sort. «Nous n'avons eu que des promesses sans lendemain. Nous subsistons aujourd'hui dans des conditions très difficiles, avec des pensions dérisoires, ne dépassant pas les 2800 DA», a tonné l'un des manifestants venu de Médéa, avant d'ajouter : «Les familles de nos confrères morts sur les champs de bataille sont délaissées, sans aucune ressource». Le nombre de ces anciens appelés est de 3500 militaires, devenus invalides suite à leur contribution à la lutte antiterroriste des années 90. Ils réclament, pour rappel, une retraite et une considération de la part des autorités du pays, au même titre que tous les Algériens. Ils réclament en outre une prise en charge médicale pour certains, une couverture sociale et un droit au travail pour d'autres.