La contestation sociale, qui persiste depuis des semaines, s'amplifie. La grogne n'épargne pratiquement aucun secteur d'activité ni segment de la société. Les étudiants, qui s'inscrivent dans la protestation depuis le mois de janvier, ne lâchent pas du lest. Après avoir arraché l'abrogation du décret controversé du 13 décembre 2010, ils exigent carrément la démocratisation de l'université à travers l'élection des responsables à tous les niveaux hiérarchiques. Une revendication jamais exprimée auparavant. Les enseignants contractuels de l'éducation sont, depuis une semaine, mobilisés devant la présidence de la République exigeant, de leur côté, la régularisation leur situation professionnelle et que soit mis fin à leur statut précaire. En vain. Au lieu d'être reçus, ils ont été plutôt matraqués. Cela n'a pas entamé leur détermination à aller jusqu'au bout de leurs revendications. Campant devant le palais d'El Mouradia depuis trois jours, ces enseignants n'ont cédé ni à l'invective ni à l'intimidation des agents de la police. Cependant, certains d'entre eux, les plus désespérés, ont fini par craquer. Deux ont même tenté, hier, de s'immoler par le feu. C'est dramatique. Mais cela n'a pas fait bouger nos dirigeants, qui s'enferment dans leurs bureaux sans se soucier des problèmes multiples dans lesquels patauge la société. Les médecins résidents sont à leur deuxième cycle de grève de trois jours qui prendra fin aujourd'hui. Mais les protestataires sont résolus à poursuivre la contestation et envisagent même d'aller vers une grève illimitée. Les chômeurs, constitués en collectif autonome, multiplient eux aussi les actions de protestation, demandant de l'emploi et de la considération. Les contractuels de l'armée sortent dans la rue pour réclamer leurs droits. Ils étaient des centaines à s'être rassemblés hier devant le ministère de la Défense nationale. Ejectés des effectifs de l'ANP pour invalidité non imputable au service, ces anciens sous-officiers revendiquent une prise en charge médicale, une couverture sociale, des facilitations pour l'accès à l'emploi. Ils exigent également la revalorisation de leur pension «de la honte» qui est de l'ordre de 2800 DA. Les familles victimes du terrorisme sont également sorties dans la rue pour réclamer réparation. Ils ont fait un rassemblement devant l'APN et envisagent de nouvelles actions de protestation. Les travailleurs des communes, quant à eux, observeront une grève en avril prochain. Les corps communaux aussi. Les patriotes ne sont pas en reste. Ils réclament eux aussi des réparation par rapport à tout ce qu'ils ont sacrifié durant la décennie noire en combattant le terrorisme. Les agents de la Protection civile appellent à un sit-in demain à Alger. Les gardes communaux ne veulent pas lâcher du lest, après leur marche réussie au début du mois courant. Ces mouvements de contestation qui se multiplient reflètent le profond malaise qui ronge le pays et dément tous les rapports positifs sur la santé socioéconomique du pays. Ils sont la preuve de l'échec de toutes les politiques sectorielles employées ces douze dernières années. En dépit de cette révolte «sociale», le gouvernement reste les bras croisés.