Les militaires invalides mis en retraite ont été brutalement repoussé hier par les forces de l'ordre, alors qu'ils essayaient d'organiser un rassemblement devant le ministère de la Défense nationale. Plus d'une centaine d'anciens militaires appelés, toutes catégories confondues, à savoir les contractuels radiés pour différents motifs, les militaires de réserve victimes d'accidents du travail et les victimes d'accidents imputables à des maladies chroniques, ont décidé d'observer un sit-in devant le ministère de la Défense pour exiger le respect de leurs promesses concernant la régularisation de leur situation socioprofessionnelle. Leur action pacifique s'est vite transformée en confrontation avec les services de police, nombreux à être mobilisés sur les lieux. L'affrontement n'a duré que quelques minutes, avant que le calme ne revienne et que les protestataires aient été cantonnés dans le jardin public, un peu plus bas que l'hôtel El Aurassi. Les militaires invalides sont à leur dixième action de protestation. La dernière remonte à quelque temps, où ils ont observé un sit-in ouvert, de jour comme de nuit, devant la présidence de la République. Indignés et lourdement affectés par le châtiment de la répression qui leur a été réservé comme accueil, à chacune de leur tentative d'organiser un mouvement de protestation, les ex-militaires ont affiché une détermination infaillible de faire valoir leurs droits. Ils décident de camper devant le ministère de la Défense jusqu'à la prise en charge de leurs doléances. Ils déclarent avoir perdu complètement confiance en leur ministère qui fait dans la politique de la fuite en avant. «Nous n'avons eu que des promesses sans lendemain» Rencontré sur les lieux, Mohamed de la ville de Médéa, amputé du pied lors de la décennie noire, a affirmé qu'il allait squatter les lieux jusqu'à ce que ses revendications soient satisfaites. Il précise que son cas exige des soins médicaux spécifiques pour éviter la gangrène. Sid Ali de Chlef a, pour sa part, menacé de se suicider devant le ministère si ses requêtes ne sont pas prises en charge. «Ma vie n'a plus de sens depuis mon handicap. La mort avec dignité est nettement préférable que de vivre incapable de subvenir aux besoins de sa famille», déclare-t-il. Pour rappel, le nombre de ces anciens appelés est de 3500 militaires invalides. Ils réclament une retraite et une considération de la part des autorités du pays, au même titre que tous les Algériens. Ils réclament, en outre, une prise en charge médicale pour certains, une couverture sociale et un droit au travail pour d'autres. Amputés d'un bras, d'autres d'une jambe et d'autres souffrant de troubles psychiques, suite à leur contribution dans la lutte antiterroriste dans les années 1990, ces invalides sont victimes aujourd'hui d'une loi datant de 1976, qui leur accorde la maigre pension de 2400 DA par mois pour un invalide et 1700 DA pour un radié de l'armée.