Des associations de défense des droits de l'homme se sont déclarées indignées par la vente aux enchères annoncée pour le 3 avril d'instruments de torture appartenant au sinistre Fernand Meyssonier, reconnu responsable de 200 exécutions en Algérie de 1947 à 1958. Pour l'historien Gilles Manceron, l'initiative est «extrêmement choquante» et «contraire à toute morale». «Je souhaite que cette vente n'ait pas lieu et que les institutions publiques exercent un droit de préemption sur les objets destinés à la vente», a-t-il indiqué hier à l'APS. Selon le vice-président de la Ligue française des droits de l'homme, une réunion de coordination entre des associations de défense des droits de l'homme et de lutte contre la torture est prévue en fin d'après-midi à Paris pour «arrêter les voies et moyens d'une mobilisation conjointe contre cette vente d'objets de torture». Guillotine, écrase-mains, entraves, cordes d'exécution, jugements de mise à mort : témoins du châtiment et du «faire souffrir» depuis trois siècles, 350 objets sinistres réunis par l'un des derniers bourreaux français en Algérie, Fernand Meyssonnier, seront vendus aux enchères le 3 avril à Paris. Une exposition publique est prévue le 31 mars dans un grand hôtel parisien avant la mise en vente de la «collection». Dans une libre tribune, un Algérien activant dans l'événementiel en France, Salah Rahoui, a estimé que ce n'est pas par hasard que cette vente coïncide avec le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. «Il y va de notre devoir de manifester contre cette vente de l'horreur afin d'empêcher des fous de piétiner la dignité et la mémoire de nos morts et nos martyres», a-t-il indiqué, se réjouissant que son appel pour contrer cette initiative ait reçu «l'adhésion de nombreuses associations». Parmi celles-ci, il citera le Mouvement contre le racisme et pour la fraternité entre les peuples (Mrap), la Ligue des droits de l'homme et l'Acat (Association des chrétiens pour l'abolition de la torture). Connu pour être un ancien «exécuteur en chef des arrêts criminels» en Algérie durant plus de 14 ans, décédé en 2008 à l'âge de 77 ans, Fernand Meyssonnier s'était lancé dans une collection dédiée au châtiment à travers les siècles. Pendant une dizaine d'années, il a présenté sa boutique des horreurs au «Musée historique de la justice et des châtiments» qu'il avait créé à Fontaine-de-Vaucluse (Vaucluse) et qui a aujourd'hui disparu. Sa famille a confié la dispersion de cette collection à la maison de vente Cornette de Saint Cyr, laquelle va s'occuper des enchères annoncées.