Une récente étude a mis en lumière l'incidence de pics de glycémie dans le sang sur la mémoire, et ce, en affectant le gyrus dentate, une partie de l'hippocampe cérébral, qui joue un rôle dans la formation des souvenirs.Cette étude, menée par des chercheurs du centre médical de l'université de Columbia, a été publiée dans la revue Les annales de neurologies de décembre 2008. Les scientifiques ont révélé que ces effets étaient observés même lorsque les taux de glycémie ne sont que modérément élevés, ce qui pourrait expliquer le déclin cognitif normal en rapport avec l'âge des patients, dès lors que la régulation glycémique diminue et est moins efficace avec l'âge. «Si nous parvenons à démontrer ce rapport, cela voudrais dire que nous sommes tous concernés par ce phénomène», a déclaré le docteur Scott Small, professeur de neurologie et à la tête de cette enquête, ajoutant que la capacité à réguler le taux de glycémie commence à se détériorer vers la troisième ou quatrième décade de la vie. Vu l'amélioration de cette régulation glycémique grâce à de l'activité physique, le médecin affirme : «Nous avons une recommandation comportementale : l'exercice physique.» Un phénomène préoccupant Dans ces recherches, les scientifiques ont utilisé des images à haute résolution magnétique pour établir une carte cérébrale chez 240 sujets d'un certain âge. Ils ont trouvé une corrélation entre un taux élevé de glucose dans le sang et un volume réduit de sang dans le cerveau ou d'irrigation sanguine dans le gyrus dentate, ce qui est un indicateur d'une réduction de l'activité métabolique et des fonctions dans cette zone du cerveau. En procédant à une manipulation des taux de sucre dans le sang de souris et de singes, les chercheurs ont essayé de prouver cette relation de cause à effet entre les pics glycémiques et la réduction du volume sanguin. Le chef du laboratoire de neuro-endocrinologie à l'université Rockfeller de New York, le docteur Bruce S. McEwen, qui n'a pas participé à ces recherches, a qualifié les résultats de l'étude comme étant «convaincants», mettant à jour une grande implication, outre pour les personnes âgés, mais aussi pour le nombre croissant d'enfants en surpoids et les adolescents présentant des risques de diabète de type 2. «Généralement, lorsque l'on parle de diabète, on pense aux maladies cardiovasculaires qui en découlent et à toutes les conséquences pour l'organisme, mais on ne pense jamais au cerveau», a-t-il commenté. De même, le médecin pense que «ce phénomène doit nous préoccuper, car nous nous devons de penser aux risques que cette maladie présente pour nos malades, pas seulement pour leur cœur ou leur métabolisme, mais aussi pour leurs facultés cognitives, leur capacité à suivre les attentes de cette société complexe et rapide, et à répondre à sa demande de constante éducation et apprentissage. Et c'est ce qui me fait le plus peur». L'activité physique pour le contrer De son côté, le professeur Sheri Colberg-Ochs, de l'université de Old Dominion, à Norfolk, est arrivée à la conclusion que de l'exercice régulier, même une activité physique minime, pouvait compenser les effets potentiellement négatifs du diabète de type 2 sur les fonctions cognitives. Le mécanisme reste encore inexpliqué et obscur, affirme-t-elle à l'issu de ces recherches, ajoutant que cela avait probablement un rapport avec l'effet de l'insuline. «Cette nouvelle étude est intéressante, car elle permet une plus grande compréhension de quelle est la région de l'hippocampe qui est la plus affectée par un diabète mal pris en charge», ajoute-t-elle.