La commission de discipline de la Ligue du football professionnel a donc statué. Elle a, comme prévu, sanctionné le MC Saïda pour ce qui s'est passé samedi dernier à l'issue du match contre l'USM Alger. 8 matches de suspension de son stade. Le MCS les jouera à huis clos dans une enceinte située hors de la wilaya de Saïda. Le club saïdéen devra en outre payer 200 000 dinars d'amende sans préjudice des indemnités financières dues en raison des dommages causés. On comprend par là que le MCS pourrait être amené à payer les blessés de l'USMA en fonction de leur période d'indisponibilité et des frais engagés pour leurs soins et hospitalisation ainsi que les frais dus au saccage des édifices publics dans les alentours du stade. Ajoutons que l'entraîneur adjoint du MCS a été suspendu pour une période de deux ans pour incitation à la violence. La Commission de discipline indique que «cette affaire continuera d'être suivi compte tenu de la plainte déposée par l'USMA auprès du procureur de la République pour les agressions de ses joueurs et qui relève du pénal», et que le «dossier de cette affaire reste ouvert pour complément d'information». «Ce dernier point suppose que l'affaire est susceptible d'être reprise si de nouveaux éléments venaient à être connus par la Commission qui attendra, également, le verdict de la justice. Le MCS a été sanctionné, c'est bien, c'est même très bien mais, peut-on croire un seul instant que ce qui vient de lui arriver de la part de la commission de discipline va marquer les esprits ? Sont-ce là des sanctions qui vont faire réfléchir tous les dirigeants de clubs à travers le pays ? Les faiseurs de troubles sont là et toujours là. Ils trouveront toujours une tribune pour écouler leur fiel et préparer leurs «vandales» à la chasse à l'équipe adverse. La commission de la Ligue s'est, certes, basée sur le code disciplinaire pour sanctionner le MCS mais on aurait voulu qu'elle aille au-delà des dispositions du code en question et ce, à titre exceptionnel, parce que ce qui s'est passé à Saïda a un caractère d'une intense gravité : des supporters d'un club local se sont mis à tabasser les joueurs et accompagnateurs de l'équipe visiteuse et à les agresser à l'arme blanche. Parce qu'il avait été reconnu coupable de rixes sur le terrain dans un match contre le MC Oran, le Mouloudia d'Alger avait été suspendu en plein milieu de la saison et ce jusqu'à la fin du championnat en 1965. On vous parle du MCA club le plus populaire du pays et qui, à ce moment-là, était leader de la compétition nationale. La Fédération était allée au-delà puisque pendant plus de dix journées tous les matches de championnat s'étaient joués à huis clos et dans la matinée du dimanche (ancien week-end) même les matches des clubs qui n'avaient rien à voir avec le MCA et le MCO. C'était là une décision qui avait fait grand bruit et véritablement marqué les esprits. Et on vous fait grâce de tous les joueurs du MCA qui avaient été radiés à vie ou suspendus pour deux ans. En tout cas, la responsabilité du MCS est engagée ne serait-ce que par le fait que son entraîneur adjoint a été suspendu pour deux ans pour incitation à la violence. Cette personne-là devait être animée de beaucoup de haine pour encourager les gens à tabasser autrui. En tant qu'employé du MCS, il engage la responsabilité de son club, qui dit reconnaître ses fautes. Car en tant que club recevant et puisqu'il prétend être innocent de ce qui est arrivé à l'USMA, le moins que l'on pouvait attendre de ses dirigeants c'est qu'ils soient présents au stade pour protéger leurs hôtes. Faire confiance à la justice Il y a maintenant à attendre ce que fera la justice et, à notre avis, c'est là le plus important. Une plainte contre X a été déposée par l'USMA et le dossier est aujourd'hui entre les mains du procureur de la République de Saïda. Une enquête va être ouverte pour déterminer les circonstances dans lesquelles s'est déroulé ce drame. Il va falloir se demander comment des dizaines de gens, munis de couteaux, de sabres et d'objets contendants, ont pu avoir accès au stade puis au terrain ? Qui a été derrière la décision d'ordonner l'ouverture des portes pour qu'un maximum de personnes puisse entrer au stade à titre gracieux ? Comment se fait-il que l'équipe visiteuse ait été malmenée dès son arrivée au stade ? ... Il y a lieu également de savoir s'il y a eu des arrestations et en cas de réponse positive, si ces personnes se sont engagées dans les actes de violence contre la délégation de l'USMA. On ajoutera que le stade de Saïda fait partie d'un Opow sous tutelle du MJS. Il serait malvenu, de notre part, d'impliquer ce dernier dans ce que l'USMA a subi, mais on ne manquera pas d'affirmer que s'il y a eu une très mauvaise organisation, la responsabilité de la direction de ce stade est engagée. Au stade du 5-Juillet l'Algérie entière s'est émue qu'une caméra de la télévision ait été balancée par un énergumène à partir de la tribune jusque sur le bord du terrain. C'était grave et même très grave et le responsable a été arrêté et condamné. A Saïda ce n'était pas un caméra, qui a été visée, mais bien des êtres humains. Il y a bien eu tentative de meurtre sur la personne d'Abdelkader Laïfaoui qui a dû être opéré d'un pneumothorax après avoir été poignardé. Cela sans omettre les affres subis par d'autres coéquipiers et accompagnateurs comme le font constater les certificats d'indisponibilité qu'on leur a délivrés. Il convient, donc, de laisser la justice faire son travail pour qu'un Saïda-bis ne puisse plus avoir lieu dans notre pays. Les dirigeants de l'USMA ont indiqué qu'ils espéraient que ce que leur équipe venait de subir dans cette ville soit un choc pour éveiller les consciences et qu'un tel scénario ne se reproduise plus en Algérie.