L'anarchie régnant au nord du Mali où sept de nos diplomates ont été enlevés le 5 avril semble avoir accueilli un nouvel ingrédient représenté par une gestion plutôt «floue» de la communication autour du rapt du consul d'Algérie à Gao et de six membres de sa mission diplomatique. L'enlèvement avait, rappelle-t-on encore, été revendiqué par le Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'ouest (MUJAO) alors que, selon un porte-parole du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), les otages ne seraient plus, depuis une dizaine de jours, entre les mains de cette organisation terroriste, mais plutôt entre celles des notables de la région. L'autre nébuleuse, Ansar Eddine, dirigée par Iyad Ag Ghaly, ancien diplomate malien en poste à Djeddah (Arabie saoudite) est, cette fois, présentée comme la partie qui «négocie» la libération des otages. Entre les mains de qui ou de quelle partie se trouvent actuellement nos diplomates ? Dans une déclaration faite précédemment au Temps d'Algérie, le porte-parole du MNLA, Hama Ag Sid-Ahmed avait, rappelle-t-on, annoncé que les notables touaregs de Kidal (nord du Mali) étaient en tractations avec des négociateurs proches de l'AQMI. Le MUJAO, qui avait revendiqué le rapt, a-t-il donc sous-traité l'enlèvement pour l'organisation terroriste d'Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, actuel «émir» de l'AQMI ? Des interrogations s'imposent, surtout que le MUJAO, qui a également revendiqué l'enlèvement de trois Européens à Tindouf et l'attentat suicide ayant ciblé le 3 mars de l'année en cours le siège du groupement de wilaya de Gendarmerie nationale de Tamanrasset, avait été présenté comme étant «dissident» de l'AQMI. Le ministre algérien des Affaires étrangères confirme, quant à lui, l'existence de contacts indirects avec les ravisseurs, en affirmant que les otages «sont en bonne santé» et qu'Alger a «quotidiennement» de leurs nouvelles. Une «fatwa» contre l'AQMI, le MUJAO et Ansar Eddine Dans une interview à Jeune Afrique, l'un des porte-parole du MNLA, Moussa Ag Assarid, annonce par ailleurs que les chefs religieux, chefs coutumiers et notables du Nord-Mali ont décidé de se réunir à Gao les 25 et 26 avril. Objectif : «prononcer une fatwa» contre tous les groupes armés qui sont sur le territoire de l'Azawad, à savoir l'AQMI, le MUJAO et Ansar Eddine, qui contrôlent notamment Tombouctou, au nord du Mali. Le MNLA a-t-il signé un pacte avec les trois organisations terroristes avant de se rendre compte qu'il s'agit d'un pacte signé avec le diable ? «Nous n'avons jamais invité Ansar Eddine, ni Aqmi, ni le Mujao à se joindre à nous», se défend Ag Assarid, l'un des porte-parole du MNLA. Et nous ne voulons pas que notre territoire devienne un lieu d'entraînement pour djihadistes», dit-il, accusant ces groupes d'avoir installé un camp d'entraînement à 400 kilomètres à l'est de Gao.