«Nous sommes ni l'opposition ni un organe de masse. Nous sommes un contre-pouvoir, une force de proposition, une association de promotion de défense et de protection des droits de l'homme», a affirmé hier, le nouveau président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), Me Noureddine Benissad, qui a remplacé Mostefa Bouchachi, désigné tête de liste FFS à Alger pour les législatives du 10 mai. Me Benissad a ainsi voulu, lors de la première conférence de presse qu'il a tenue depuis son élection à la tête de la LADDH, répondre à ceux qui affirment que la Ligue est «inféodée» au FFS. Dans la foulée, le conférencier a affirmé que la Ligue ne prend pas position par rapport aux élections. Cela ne l'a pas empêché d'évoquer longuement l'échéance et la campagne électorale qui se déroule actuellement. «Les thèmes qui intéressent les Algériens, à l'instar des droits, politiques, des libertés individuelles, droit de réunion et de manifestation ont été oubliés durant la campagne électorale, tout comme la séparation et l'alternance au pouvoir ou encore le partage des richesses nationales», a estimé Benissad, qui relève que, malgré la levée de l'Etat d'urgence, les mêmes pratiques demeurent. Le nouveau président de la Ligue constate que «les Algériens ne sont d'ailleurs pas intéressés». Mais pour Benissad, les élections ne sont pas une finalité. «Il faut d'abord analyser la situation de tout le processus démocratique», explique-t-il. Invité à s'exprimer sur la prochaine assemblée élue, Me Benissad, estime qu'elle ne peut être une constituante, comme certains la qualifient déjà. «Il faut deux éléments essentiels pour une constituante. D'abord l'assemblée doit être une instance de transition chargée de rédiger la Constitution et secundo, elle doit être à la fois, l'instance exécutive et législative. Or ce n'est pas le cas, car l'assemblée prochaine sera élue sous l'égide de l'actuelle Constitution», argue-t-il. S'exprimant sur l'état des droits de l'homme en Algérie, Me Benissad met l'accent sur «la régression des droits de l'homme», dans le contenu des nouvelles lois, notamment celle relative aux associations. «Celle de 1990 (système déclaratif) est en avance sur l'actuelle. Elle n'est pas faite pour l'exercice des libertés. L'ouverture de l'audiovisuel n'est pas à l'ordre du jour», commente-t-il. Avant d'ajouter : «Ces derniers temps, on assiste à des débrayages dans plusieurs secteurs (greffiers, médecins, enseignants…).» Il dénonce l'arrestation d'un membre de la Ligue, Abdelkader Kherba, «parce qu'il s'est solidarisé avec les grévistes». «Il est sous mandat de dépôt», précise-t-il, considérant l'arrestation «arbitraire» et «qui touche au principe du droit de grève et au droit de manifester». Pour l'avocat, «le pouvoir a cassé la société civile. Il faut que les pouvoirs publics changent leur vision de la société». Le conférencier ironise : «On dirait qu'on est dans une transition permanente.» Sur l'affaire Baba Nedjar, condamné pour meurtre, Benissad estime qu'il s'agissait d'un procès politique. la Ligue demande la réouverture de la procédure. Sur les disparus, il affirme que la position de la LADDH demeure la même, car «on ne peut pas fermer le dossier et faire l'impasse sur la vérité», a-t-il expliqué, considérant également que le sujet de l'amnistie ne doit pas demeurer tabou. Enfin, il fera savoir que la Ligue tiendra un congrès de conformité et un congrès ordinaire «d'ici deux ans conformément à la loi».