Près de 700 hectares de pomme de terre seront récoltés avant le 15 mai dans la wilaya de Aïn Defla, selon M. Boudjema, directeur des services agricoles (DSA) de la wilaya. Cette quantité fera certainement baisser, à moins de 40 DA le kg, les prix de ce tubercule proposé à 50 DA, hier sur les marchés. «Seule la production de saison de Aïn Defla est en mesure de faire baisser et la tension et le prix de ce légume», nous a indiqué ce responsable en signalant que ses services prévoient une récolte de 3 millions de quintaux dont 1 million de quintaux pour la multiplication. Pour sa part, Mme Rachida Renima, chargée de la filière pomme de terre à la DSA, fait remarquer que durant la saison écoulée, une superficie de 11 787 hectares a été réservée à cette culture alors que cette saison, les producteurs de pomme de terre, au nombre de 750 fellahs, ont planté 9 865 hectares, soit un déficit de 1 922 hectares, soit près de 80 000 quintaux en moins. Expliquant ce manque à produire, le DSA signale plusieurs facteurs dont la hausse de la location des terres agricoles aux producteurs, la reconversion de certains producteurs dans la céréaliculture, le départ de plusieurs fellahs vers les wilayas de Tiaret, Relizane, Djelfa et M'Sila où les terres sont abondantes et favorables à cette culture et les fausses déclarations des agriculteurs. «Comment expliquer qu'ils sèment 38 000 tubercules à l'hectare et ne déclarent que 300 à 350 quintaux ?», interroge-t-il. «Techniquement et suite aux conditions climatiques de cette saison, la production dépasse les 450 quintaux à l'hectare», précise Mme Renima en soulignant que cette année, malgré le froid qui a sévi durant les mois de mars et avril, les cultures ont été épargnées du mildiou, les fellahs ayant traité convenablement leurs champs. Y aura-t-il pénurie de pomme de terre durant la prochaine période de soudure ? «Si tous les mécanismes sont mis en place, il n'y aura pas de pénurie», affirme le DSA en soulignant que le holding de SGP Proda chargé de la sécurité alimentaire doit jouer le jeu en constituant ses stocks à des prix raisonnables qui ne pénalisent pas le fellah. «Proda devra se déplacer chez le producteur et négocier les prix et la qualité du fait qu'elle dispose de chambres froides pour le stockage», dit M. Boudjema en souhaitant que les ministères du Commerce et de l'Intérieur doivent s'impliquer. «Les marchés de gros doivent aussi jouer leur rôle en ne se limitant pas à revendre le produit qui leur a été livré et ce, afin de freiner l'activité des marchés informels», explique-t-il. A propos de stockage de la pomme de terre dans le cadre du Syrpalac (Système de régulation des produits à large consommation), le DSA fait savoir qu'au vu des capacités de stockage chez les fellahs qui ne dépassent pas le 200 000 m3, cette action ne peut emmagasiner que 20% de la production saisonnière. Les fellahs faussent la politique de l'Etat La pomme de terre de Mostaganem et celle du littoral récoltées durant la deuxième quinzaine du mois d'avril, n'ont pas ramené les prix à moins de 50 DA comme escompté par les pouvoirs publics. Les détaillants continuent à afficher des prix entre 60 et 80 DA le kg, non abordables pour les petites bourses. A Aïn Defla, certains producteurs, pour maintenir la pression sur le marché, récoltent ce tubercule avant qu'il n'arrive à maturité. «Avec l'arrêt des pluies, on est contraint d'irriguer pour faire grossir le tubercule, ce sont des charges en plus», affirme un producteur de Mekhatria qui préfère récolter pendant que les prix sont élevés. Certains fellahs jouent sur la quantité d'où ils peuvent extraire de la semence pour l'arrière-saison alors que les gros producteurs rattrapent le manque à gagner en stockant puisqu'ils sont propriétaires de chambres froides. Ces gros producteurs ne prévoient nullement une pénurie de pomme de terre durant la prochaine période de soudure qui s'étalera de la mi-octobre à la mi-novembre, les quantités à stocker étant nettement suffisantes.