L'élection de François Hollande, leader du Parti socialiste en France après 23 ans d'une gouvernance de droite, est tombée comme un soulagement pour des millions de Français qui voyaient en la personne de François Hollande le début du changement. Cette nouvelle était d'autant plus appréciée chez la communauté étrangère qui voyait ses droits de plus en plus remis en cause par la politique de Sarkozy. En Algérie, ce nouveau cap de gouvernance en France sonne également comme une bonne chose qui pourrait relancer la discussion sur la reconnaissance des crimes de guerre perpétrés en Algérie pendant la période coloniale. Durant la présidence de Nicolas Sarkozy, il était hors de question pour la France de se repentir sur les crimes contre l'humanité commis en Algérie. Bien au contraire, des hommages ont été rendus à des tortionnaires comme Bigeard et Aussares. Les supplétifs algériens qui avaient servi auprès des troupes françaises durant la Révolution ont également été félicités pour leurs actes et honorés par le président de la République français qui multipliait les provocations contre l'Algérie. Les conséquences de l'investiture de M. Hollande sur les relations diplomatiques entre la France et l'Algérie ne seront pas des moindres, compte tenu de l'affection que porte le président français élu à l'Algérie. Les partis politiques qui ont clôturé hier leurs campagnes voient en ce nouveau président un espoir pour l'amélioration des rapports bilatéraux entre les deux pays qui étaient tendus durant les cinq ans de présidence de Sarkozy, notamment sur le plan historique et sur l'immigration. Pour Moussa Touati du Front National Algérien (FNA), les socialistes ont toujours été du côté des Algériens. Le Parti socialiste a voulu gagner l'amitié de l'Algérie. «La France socialiste est prête à relancer les relations bilatérales sur de bonnes bases», estime le président du FNA. De bons résultats sont attendus du côté de cette formation politique. Cela dit, la question qui se pose pour M. Touati, «c'est de savoir si l'Algérie est prête à défendre la mémoire des martyrs. En réalité, ce n'est pas la droite française qui pose problème, mais les intentions des responsables algériens qui n'ont pas l'air d'être près de remettre la question sur le tapis. Il dira à ce propos : «Les algériens n'ont pas été à la hauteur de la défense de leurs droits et n'ont demandé la repentance que d'une manière timide», avant d'ajouter : «Les algériens, sur instruction du ministre des AE français, ne ressortent plus les dossiers de la guerre d'indépendance et sont très influencés par les dirigeants français. De leur côté, les Français défendent leurs intérêts et font tout ce qui est en leurs moyens pour cacher les atrocités commises en Algérie et qui pourraient jouer contre eux sur le plan international». En tout état de cause, les socialistes ont toujours défendu des causes nobles et seront aptes à rouvrir le débat si les Algériens le demandent. Un changement positif pour l'Algérie Quant au Front des Forces Socialistes (FFS), il trouve que le débat n'est pas de savoir si la France reconnaîtra ou non les crimes, mais plutôt de légiférer sur la question. «Pour qu'une nation reconnaisse avoir perpétré des crimes de guerre sur une autre nation, il faudrait que l'Etat colonisé promulgue une loi condamnant ces crimes, ce qui n'a pas encore été fait en Algérie», indique Chafaâ Bouaïche, porte-parole du FFS. Ce texte de loi doit être établi par l'Algérie tel que le mentionne la Charte des Nations unies sur les crimes contre l'humanité. Du côté du Front de Libération Nationale (FLN), l'élection de M. Hollande est une bonne nouvelle, attestée par le message de félicitations adressé par le président le république algérienne, Abdelaziz Bouteflika, au nouveau président français. Le membre du comité central du FLN et ancien député, Riad Aamane, voit en M. Hollande le moins mauvais choix qu'auraient pu faire les Français. «M. Sarkozy a fait voter des lois pour diaboliser la guerre de Libération algérienne et a rendu hommage aux supplétifs algériens qui étaient aux ordres de la France. Un deuxième mandat aurait été catastrophique pour l'Algérie», déclare-t-il. Il met toutefois un bémol quant à la possibilité de changement de cap de M. Hollande face aux lobbies et aux pressions. Le Mouvement de la Société pour la Paix ( MSP) qui fait partie de l'Alliance Verte voit en l'élection de M. Hollande un changement positif pour l'Algérie. Selon le chargé de communication du MSP, Kamel Mida, plusieurs questions qui sont restées en suspens durant la présidence de Sarkozy pourraient être réglées, notamment la question de l'immigration, de l'implantation d'une usine Renault en Algérie et de la repentance de la France quant aux crimes de guerre.