Une délégation du Parti socialiste français, dont le porte-parole Benoît Hamon et la députée et ancienne ministre Elisabeth Guigou, a séjourné lundi à Alger pour y rencontrer les électeurs français en prévision de la présidentielle du 6 mai. Les expatriés français en Algérie avaient voté au premier tour pour le candidat socialiste mais avec un fort taux d'abstention. Au premier tour de l'élection présidentielle française, le candidat socialiste François Hollande a remporté 63% des 4 264 suffrages exprimés parmi plus de 22 000 électeurs à Alger, selon des sources officielles. Mais la visite des émissaires de François Hollande revêt un caractère éminemment politique qui a trait aux relations entre les deux pays après le 6 mai. En effet, le gisement électoral de la petite communauté française établie en Algérie n'est pas du tout significatif en termes de voix, tout juste quelques milliers. D'ailleurs, Mme Guigou, proche de Martine Aubry, la patronne du PS, a été reçue par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avec qui, a-t-elle indiqué, leurs entretiens avaient porté sur les relations franco-algériennes que François Hollande souhaite “redéfinir et renforcer”, dans le cas très probable où les sondages le donnant futur locataire de l'Elysée ne seraient pas démentis par les urnes. L'ex-ministre de la Justice du gouvernement de la cohabitation conduit par Lionel Jospin, sous le premier mandat de Jacques Chirac, a également fait part de la question de l'histoire de la colonisation française en Algérie, un sujet qui fâche en Algérie et que le président-sortant-candidat Nicolas Sarkozy a, contrairement à ses engagements lors de ses visites en Algérie, vite transformé en fonds de commerce pour faire plaisir aux nostalgiques de l'Algérie française. Vers la fin de son mandat et en prévision de sa candidature pour une seconde présidentielle, le président français a permis l'irruption publique de ces terroristes qui, avant de regagner la France, la veille de l'Indépendance de l'Algérie, avaient mis leur pays d'accueil à feu et à sang. Des places et lieux publics français ont été ainsi dédiés à ces ancêtres du Front national alors que sous de Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac, ils étaient contraints à la clandestinité. Mme Guigou a réaffirmé, à Alger, que le parti de François Hollande condamne la loi sur la colonisation votée en 2005 par l'Assemblée nationale française à laquelle le PS s'était opposé. Ce texte a ensuite été radié par décret par le président Jacques Chirac mais Nicolas Sarkozy l'a remis à l'honneur dès sa prise de fonction en décrétant à Dakar que l'homme africain n'est pas encore entré dans l'histoire et en clamant de façon récurrente que, lui au pouvoir, jamais la France ne se repentira pour ses crimes durant la colonisation. Sans trop entrer dans les détails de la vision de François Hollande quant aux relations franco-algériennes, l'ancienne ministre de la Justice a annoncé que la France socialiste s'inspirerait de ce qu'a fait l'Allemagne avec les pays de l'Est dans la coopération économique, c'est-à-dire, promouvoir le codéveloppement entre les deux pays et par ricochet avec tout le pourtour sud-méditerranéen. L'émissaire de François Hollande pense que ce n'est pas en créant “des lignes Maginot”, transformant l'Europe en “une forteresse”, que le problème sera résolu. La délégation a rencontré des opérateurs français, franco-algériens et algériens ainsi que des artistes avant de regagner Paris. M. Amirshahi, secrétaire national du PS restera jusqu'au 4 mai afin de rencontrer à Oran, Annaba et Sétif des électeurs français en vue des élections législatives de juin auxquelles il se présente pour la 9e circonscription des Français établis à l'étranger. François Hollande s'était rendu à Alger en décembre 2011, juste après avoir officialisé sa candidature à la présidentielle. Contrairement à Jean-François Copé, l'envoyé du président-candidat Nicolas Sarkozy et secrétaire général de l'UMP, le parti majoritaire, François Hollande n'a pas été reçu à El-Mouradia. Dans le communiqué annonçant la venue de sa délégation, cinq jours avant le second tour des élections, le candidat socialiste a fait savoir qu'il avait chargé celle-ci de “transmettre un message d'amitié au peuple algérien”. Des mots qui ont sûrement un sens. Lors de son méga-meeting de Bercy, François Hollande a affiné sa politique africaine et arabe par ces mots-clés : normalisation avec le rejet des réseaux informels, démocratie fondée sur les droits universels de l'Homme et condamnation ferme des dictatures et autres régimes de même nature. D B