Les animateurs du mouvement de protection du Rassemblement national démocratique (RND) ont qualifié de «catastrophiques» les résultats du parti aux dernières législatives où il avait remporté 68 sièges sur les 462 que compte l'APN. Ils estiment que cet «échec n'est que l'une des conséquences de la déviation du parti de ses objectifs initiaux». «Le RND joue un rôle secondaire. Pire, il ne joue plus les premiers rôles parmi les partis», affirme Tayeb Zitouni, un membre du mouvement, lors d'une conférence de presse animée hier à la maison de la presse Tahar-Djaout. «Le RND va droit au mur» et «il va connaître le même échec fatal s'il participera aux élections locales avec la situation de déstabilisation qu'il traverse». Pour les frondeurs, la gestion actuelle, très contestée, du RND a fait que son bilan «se dégrade d'année en année, faisant ainsi perdre tous les acquis qu'il avait obtenus» par le passé. «Le RND avait 157 députés, 98 sénateurs, 1178 élus aux APC et 46 APW. Il était le réservoir de l'élite nationale et un véritable espace de débat et de démocratie, mais tout cela a disparu», dira M. Zitouni. «Le parti s'est transformé en un service administratif qui applique les directives qui viennent d'en haut», dira M. Zitouni. Selon lui, cette situation provient de «l'élimination de la démocratie au sein des instances du parti». «Tous les responsables au niveau national ou local sont désignés», a-t-il déclaré. «L'acte de vote a été abrogé au RND. L'urne est complètement absente et a fait perdre le dynamisme, l'engouement et l'initiative politiques dans le parti.» Tayeb Zitouni a dénoncé «l'exclusion qui a touché tous les membres fondateurs du parti fermant ainsi tout espace de débat et de démocratie». «Le RND est une caserne où les décisions sont dictées à sens unique et destinées à l'application sans discussion ni débat», a-t-il ajouté. Le conférencier estime qu'Ahmed Ouyahia, secrétaire général du parti, a «joué la diversion pour dévier le débat sur les vrais problèmes du RND». «Oui, il dérange les vrais militants du RND, mais on se demande quels sont les objectifs de ses déclarations» a ajouté M. Zitouni affirmant que le mouvement a pris la parole «difficilement» au sein du conseil national et que le «jeu du nombre» a été l'arme utilisée contre les initiateurs de son mouvement. Ces derniers comptent poursuivre leur action à travers «la mobilisation et la sensibilisation» de la base militante pour «convaincre et informer sur les objectifs de cette initiative et surtout casser le spectre de la peur». «Nous sommes un mouvement politique. Nous ne voulons pas de règlements de comptes», a dit M. Zitouni. «On ne cherche pas à retirer la confiance au SG puisque les fondateurs du parti sont en dehors des instances du parti. On veut juste créer un débat sur la situation interne», a-t-il déclaré. Pour eux, «la majorité du conseil national et la base militante sont d'accord avec les idées du mouvement et beaucoup sont favorables au changement mais veulent rester discrets, et plusieurs autres n'attendent que son départ du gouvernement pour adhérer». La prochaine étape sera consacrée à la récolte des signatures pour «imposer ce débat au sein du parti», a-t-il annoncé.