La situation est de plus en plus critique au sein du Rassemblement national démocratique (RND), le mouvement de redressement conduit par le P/APC d'Alger-Centre, Tayeb Zitouni, contre Ahmed Ouyahia, s'élargit de jour en jour. Quelques indiscrétions révèlent que d'autres personnalités se sont jointes au mouvement, tels Chérif Rahmani, député de Djelfa, qui a ramené 7 sièges au RND, lors du scrutin du 10 mai, Yahia Guidoum, membre du conseil national, Mustapha Berraf, ancien président du Comité olympique et Saïd Abadou, président de l'Organisation nationale des moudjahiddine. Contacté par notre rédaction, Miloud Chorfi, porte-parole du RND, n'a pas voulu daigner expliquer ces faits. «Je n'ai pas de commentaires à vous faire sur cela», nous lance-t-il, arguant de ce fait que cette contestation est une pratique courante dans chaque parti. Mercredi passé, à Alger, une cinquantaine de cadres militants du RND ont lancé officiellement un «mouvement de redressement» contre Ahmed Ouyahia, composé essentiellement de membres du conseil national. La mobilisation de la base est quasi générale. La première qui a osé s'attaquer à Ouyahia était bien Nouria Hafsi, patronne de l'Union nationale des femmes algériennes (UNFA). Les initiateurs de ce mouvement, placé sous le slogan «Rendre le RND à ses militants», imputent «la déroute» du parti à Ouyahia, notamment après le score dérisoire obtenu lors des législatives du 10 mai par le RND. Dans une déclaration virulente à l'issue de leur réunion, les redresseurs expliquent cette «dégringolade» par une «gestion chaotique, hasardeuse et antidémocratique du parti». «Ouyahia n'est en aucun cas capable d'une once de pensée sincère de démocratie. Il ne nous a pas non plus habitués à des discours à connotation démocratique. Alors, comment peut-il conduire démocratiquement un mouvement démocratique, en l'occurrence le RND ?», se sont interrogés les frondeurs, accusant le SG d'avoir failli sur toute la ligne et d'avoir «une ambition déraisonnable et démesurée de rester chef». Par ce mouvement, les redresseurs souhaitent «un changement» et pour ce faire, ils appellent à «un congrès extraordinaire au cours duquel l'actuelle direction remettrait son mandat», et en cas de refus, ils se disent «prêts à tous les combats». Par ailleurs, des indiscrétions proches du RND, affirment que l'adhésion de Chérif Rahmani au mouvement des frondeurs n'est pas fortuite, ce dernier aurait exprimé son désir de succéder à l'actuel SG du RND, à la tête du parti. Les contestataires se battent pour ramener les militants à adhérer à leur mouvement, en prévision de la session ordinaire du parti prévue pour la fin de ce mois. Selon des sources internes, la source de tous les problèmes réside en la personne de Seddik Chihab, président du bureau RND de la capitale qui a privilégié les siens, lors des législatives. Ce dernier est accusé de pouvoir manœuvrer pour éliminer la candidature qu' il veut, empêchement les autres militants d'accéder à la députation. Zitouni, en a fait les frais, chose qu'il n'a pas digérée. «Le conflit réside dans le fait que les listes électorales sont confectionnées au niveau du bureau de wilaya que dirige Chihab», apprend-on. Mais Zitouni n'est pas le seul à désapprouver la gestion de Chihab à Alger. Certains cadres le font ouvertement comme Nouria Hafsi, qui s'en est pris directement au SG du parti. Abdeslem Bouchouareb, chef de cabinet d'Ouyahia et désormais député d'Alger, aurait été, lui aussi, approché par les frondeurs. «En mauvais termes avec Seddik Chihab, première cible des redresseurs, il aurait exprimé son soutien aux contestataires». Cependant, Ouyahia n'est nullement inquiété par cet élan de protestation au sein de son parti, et compte en finir prochainement au conseil national qui se tiendra le 31 mai et le 1er juin. «Au cours de cette session ordinaire, il sera question de l'évaluation des résultats des élections législatives, l'examen du cadre réglementaire et juridique dans lequel s'est déroulé le scrutin et l'introduction de changements dans l'organisation du parti, que ce soit au niveau national ou celui des wilayas», estime-t-on.