Les initiateurs de la réunion de mardi dernier ont rédigé un rapport dans lequel ils expliquent ce qui s'est passé au sein du parti et ce qui s'y passe actuellement ainsi que les raisons de son recul sur la scène politique. Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, ne gère pas un parti, mais tient un appareil.» Tel est l'avis de certains militants qui ont décidé de briser le mur du silence et de la peur pour revendiquer un minimum de démocratie au sein de ce parti. Les mécontents de cette formation politique ne se sont pas contentés de dénoncer les actes de Ouyahia, mais ont décidé d'agir ; ils ont tenu leur première réunion, mardi dernier, à la salle Cosmos de Riadh El Feth (Alger) et créé «un mouvement de sauvegarde du RND». Ils sont, en effet, une trentaine de cadres représentant une vingtaine de wilayas, dont Tiaret, Oran, Batna, M'sila, Alger… Cette fronde est menée, entre autres, par Tayeb Zitouni, maire d'Alger-Centre (qui n'a pas présenté sa candidature aux élections législatives du 10 mai), Benhassir Belkacem, ancien député et ex-coordonnateur de Batna, Rachid Batrouni, Nouara Hafsi, présidente de l'UNFA et Hakim Battache, vice-président de l'APC d'Alger. Toutefois, selon un cadre actif au sein du RND, les véritables meneurs de cette fronde ne sont autres que d'anciens cadres et ministres. L'on parle de Mohamed Cherif Abbas, ministre des Moudjahidine, Cherif Rahmani, ministre de l'Environnement et Yahia Guidoum… Les frondeurs contestent, dans le fond et dans la forme, la gestion de Ouyahia. D'aucuns estiment qu'au RND, il n'y a aucune vie démocratique ; toutes les initiatives et décisions sont dictées par le secrétaire général. «C'est Ouyahia qui désigne les membres de wilaya, ceux du comité central, les congressistes…», précise une source proche du parti. Certains militants vont même jusqu'à dire que Ahmed Ouyahia n'est pas un homme politique au sens partisan et, par conséquent, son avenir politique ne se confond pas avec l'avenir du parti. «Au RND, Ouyahia tient seulement l'appareil et ne compte pas sur le parti qu'il gère comme une administration pour faire une carrière politique, mais s'appuie sur d'autres structures. Certes, il a mené campagne pour les législatives du 10 mai, mais il l'a fait dans l'unique but de vendre son image, celle d'un homme présidentiable», explique la même source. Celle-ci est persuadée que Ouyahia n'est pas soutenu par un clan fort au sein de son parti, mais que ce commis de l'Etat tire sa force du poste qu'il occupe dans l'appareil de l'Etat et du clan qui le soutient au sein du système. Les initiateurs de la réunion de mardi dernier ont rédigé un rapport dans lequel ils expliquent ce qui s'est passé au sein du parti et ce qui s'y passe actuellement ainsi que les raisons de son recul sur la scène politique. La régression du RND est, selon eux, le fruit d'une gestion chaotique et hasardeuse. «Tous les militants ont noté l'arrogance du secrétaire général du parti, son mépris, son autoritarisme et ses injonctions intempestives. Il gère le RND de façon clientéliste, entouré de certains courtisans zélés, tout cela pour le monopole du pouvoir à la tête du parti dans le but de concrétiser des objectifs de poste et de carrière au détriment de la mise en œuvre du programme du parti et de sa disponibilité au service de la patrie», écrivent les frondeurs. Pour eux, le RND ne peut se satisfaire de faire de la pâle figuration. «Le parti n'acceptera pas que lui soit laissé seulement un rôle de sous-traitant ; il est capable, aujourd'hui, de récupérer très rapidement son réseau national, abandonné par des militants de valeur ayant un ancrage populaire», notent les contestataires, qui pensent que ce défi est possible ; pour y arriver, il faut impérativement un changement de direction à la tête du parti. «Notre initiative ne s'inscrit pas au titre de prétendus règlements de comptes ou de personnalisation d'une situation. Cela est un acte de salubrité politique», affirment les initiateurs de l'action de redressement contre Ouyahia.