Le ministre de la Santé a confirmé, mercredi dernier, que les médicaments étaient indisponibles dans les hôpitaux et les centres de soins et que la pénurie de vaccins et de consommables étaient due à la mauvaise gestion des cadres de la santé dans les administrations hospitalières. «C'est la mauvaise organisation et la gestion approximative de la distribution des médicaments qui créent la crise aux seins des structures hospitalières», affirmera Djamel Ould Abbas, lors d'une rencontre au siège de son département, mercredi dernier. En riposte à cette déclaration, le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), qualifie cette attitude de la part du premier responsable du secteur sanitaire «d'inadmissible». «Il ose traiter les gestionnaires et les cadres des hôpitaux de menteurs et de détourneurs de médicaments et de fonds plutôt que d'assumer la crise intestine qui secoue les hôpitaux et d'essayer de trouver des solutions», déclare le Dr Merabet. Il appellera d'ailleurs le ministère à lancer une enquête sur la fuite des médicaments afin de connaître les tenants et aboutissants de l'importation médicale en Algérie. Pour ce faire, le ministre de la Santé compte ouvrir une prospection dirigée par des inspecteurs, médecins et pharmaciens, afin de déterminer les raisons de la pénurie de médicaments. Pour le ministre de la Santé, la pénurie de médicaments concerne uniquement la région centre du pays, dans les autres wilayas du pays la gestion hospitalière serait «impeccable». Manque de vaccin antiscorpionique La réalité sur le terrain serait tout autre et les «dysfonctionnements» seraient généralisés à tout le territoire national. Le Dr Merabet nous indiquera, de son côté : «Puisque le ministre prétend que les vaccins sont disponibles dans tous les hôpitaux des régions sud et ouest, pourquoi est-ce que des patients, qui ont été victimes de morsures de scorpions, ne trouvent pas de vaccins antiscorpioniques dans les hôpitaux du Sud ?» Et d'ajouter : «Les prescripteurs et les pharmaciens m'ont dit qu'ils sont en panne de médicaments et ne savent plus quoi administrer à leurs patients.» Durant la saison estivale, la demande en matière de vaccin antiscorpionique augmente par rapport à la normale et atteint les 80 000 doses alors que la production est de 8000 doses annuelles seulement. «Nous allons renforcer la production nationale de vaccin antiscorpionique et recourir s'il le faut à l'importation à partir des pays producteurs, à savoir l'Egypte et le Mexique, pour assurer la disponibilité du produit dans deux semaines environ», déclarera le ministre. En réponse à l'annonce du ministre, le président du SNPSP dira qu'il est «impossible de suspendre les activités hospitalières durant tout ce temps, en attendant que la tutelle trouve des solutions… Il faudrait agir tout de suite, la vie des malades est en jeu», nous a-t-il indiqué. Relancer le dialogue avec le ministère S'agissant du rôle des syndicats dans la reprise du dialogue avec le ministère de la Santé afin d'arriver à des résolutions définitives permettant d'en finir avec le problème des médicaments en Algérie, le ministre de la Santé a réaffirmé qu'il ne reconnaissait pas les syndicats actuels. «Ce sont des syndicats dont le mandat a expiré depuis plusieurs mois et dont l'exercice syndical est politisé, preuve en est, leurs actions contestataires à la veille des élections législatives dernières», dira-t-il. Le président du Syndicat national des psychologues (Snapsy), Khaled Keddad, réplique en affirmant que leurs actions étaient menées en vue de soulager le quotidien des patients et de leur apporter une aide. «Nous menons des actions protestataires pour dénoncer les conditions de travail des médecins, la pénurie récurrente de médicaments et la mauvaise prise en charge des malades», mentionnera M. Keddad. L'Intersyndicale, depuis le 3 mai dernier, multiplie les protestations et les grèves pour alerter l'opinion publique de la crise qui secoue le secteur de la santé. Leurs démarches n'ayant pas porté leurs fruits, les travailleurs de la santé ont décidé la semaine dernière d'attirer l'attention du président de la République sur la gravité de la situation. «Nous avons décidé de mettre tous les acteurs de la société devant leurs responsabilités quant à la situation actuelle et de relancer le dialogue avec le ministère même si ce dernier a décidé de fermer toutes les portes du débat», dira M. Keddad.