Un vibrant hommage a été rendu hier matin par les villageois d'Achouba, commune d'Azeffoun, aux 13 victimes du bombardement de l'armée française du 11 juin 1958. Une foule nombreuse a assisté à l'évènement organisé par le comité du village et les anciens maquisards de la région. A cette occasion, une stèle commémorative en hommage aux chouhada tombés au champ d'honneur durant la guerre de Libération nationale au village Achouba a été aussi inaugurée. Elle a été érigée sur une colline qui surplombe le magnifique village. Ce sont les villageois qui ont financé ce projet hautement symbolique. «Le 11 juin 1958, l'aviation ennemie a bombardé notre village en représailles pour avoir accueilli des moudjahidine après l'embuscade de Mechta. Notre village Achouba et Iabache ont été carrément rasés. Les villageois ont été contraints de laisser dernière eux tous leurs biens. 13 civils, tous des femmes et des enfants, ont été tués ce jour-là», tient à témoigner un ancien maquisard du village en question, les larmes aux yeux au moment du dépôt de la gerbe de fleurs sur le cénotaphe. La cérémonie a été rehaussée par la présence de plusieurs moudjahidine venus des quatre coins de la Kabylie, des autorités militaires et civiles locales. Une prise de parole de plusieurs anciens combattants a eu lieu juste après l'inauguration de la stèle. Ils ont rappelé la contribution des habitants de la région à la guerre de la Libération nationale et le rôle prépondérant qu'ils ont joué dans toute la Kabylie maritime durant les 7 ans de guerre. «Le colonel Amar Ouamrane et les militants de la commune d'Azeffoun ont tenu une réunion au village Achouba dans une cabane au lieu dit Thala Amraou, propriété de Brahim Sadek, pour les informer de la décision de déclenchement de la guerre de Libération nationale. Avant, plusieurs jeunes de notre village ont été formés militairement par l'Organisation Spéciale», rappelle un autre moudjahid de la région, Rabah Meziane, qui narrait avec détails certains évènements qui ont lieu depuis plus d'un demi-siècle, dans un air empreint de nostalgie et d'émotion. Ce dernier a raconté aussi le déplacement de 75 moudjahidine de la région vers la Tunisie pour s'approvisionner en armement. «Certains sont revenus et avaient ramené des armes et des munitions avec eux, et d'autres sont resté durant 9 mois en Tunisie pour suivre une formation militaire. D'autres, plus de la moitié du groupe, ont été tués par l'armée française durant notre périple qui a duré plus de 54 mois», raconte l'orateur. L'ancien entraîneur national Meziane Ighil, actuellement DTS à l'USM Alger, originaire de la commune voisine d'Aghribs, a aussi pris la parole devant l'assistance. «Je suis venu à mon village Tamassit et je suis vraiment aux anges d'être invité par des anciens moudjahiddine qui ont libéré notre pays. Aujourd'hui, ont est fier de nos aïeux', a-t-il déclaré.