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L'usage de la photographie dans l'action de propagande pendant la guerre d'Algérie, thème d'une conférence au CCA à Paris
Histoire
Publié dans Le Temps d'Algérie le 15 - 06 - 2012

L'historienne Marie Chominot a longuement exposé jeudi soir au Centre culturel algérien (CCA) dans la capitale française, un aspect méconnu de la guerre de libération nationale, à savoir la "guerre des images" particulièrement de la photographie, durant le conflit.
Animant une conférence sous le thème "l'indépendance par l'image?", l'historienne a expliqué que durant le travail de recherche qu'elle a mené, elle s'est attachée à rassembler le maximum de photographies disponibles en France et en Algérie pour comprendre dans quelles conditions elles ont été produites et utilisée à l'époque par l'armée française et les nationalistes algériens, qui les a réalisées et de quel discours ont-elles été porteuses dans le cadre d'une véritable +guerre des images+.
Du point de vue de l'historienne, "la guerre des images" est à approcher à plusieurs niveaux.
"Lorsqu'on se rapproche géographiquement du cœur du conflit (le territoire algérien, lieu des affrontements et la France métropolitaine, siège des décisions politiques et de l'opinion publique), on voit pleinement fonctionner +un système d'information+, mis en place par l'armée française dans le cadre d'une action psychologique par l'image puisque la population algérienne est le public cible de cette +guerre des images+", a-t-elle expliqué.
Sur le terrain, l'armée française a utilisé l'image, que ce soit le dessin, la photographie ou le film dans des actions de propagande visant à ramener la population vers la France et à la détacher du mouvement nationaliste, a ajouté l'historienne. Ces actions de propagande se sont déroulées lors de séances d'actions psychologiques dans les villes et les campagnes algériennes et étaient animées par des structures crées exclusivement dans ce but par l'armée coloniale en juin 1956 et sous l'appellation de Compagnies de hauts parleurs et tracts.
"La photographie a ainsi servi à l'armée française durant le conflit à faire la guerre et à maitriser le récit qui en est délivré, aussi bien aux populations civiles algériennes, dans le cadre de l'action psychologique, qu'à l'opinion française par l'intermédiaire d'une presse qui se soumet au monopole militaire sur l'image", a précisé Marie Chominot.
A l'échelle internationale (dans le monde arabe, en Europe, mais surtout sur le front des pays non-alignés et à la tribune de l'Onu) par contre, l'activité d'information par l'image menée par l'ALN et le FLN est parvenu à "mettre en échec le système hégémonique de la représentation de la guerre qu'a tenté de construire la France coloniale" durant la guerre de libération nationale, a souligné la conférencière.
"On se retrouve ainsi face à un paradoxe : une guerre des images inégalitaire en termes de moyens de production, (les quelques milliers de clichés algériens pesaient peu face aux centaines de milliers d'images de l'armée française) qui s'avère finalement gagnée par les Algériens", a-t-elle dit.
Pour Marie Chominot, "il n'est pas question de dire que le camp algérien a gagné la guerre grâce aux images mais d'affirmer, par contre, que la part de la stratégie médiatique du FLN et de l'ALN est non négligeable dans la bataille diplomatique qui a abouti à la fin d'un conflit qui aurait pu s'éterniser sur le terrain".
"Je pense que cette stratégie est une des causes de la victoire diplomatique internationale des nationalistes algériens lorsqu'on observe l'affrontement médiatique entre les deux camps sur la scène internationale.
L'avantage est clairement incliné vers le camp algérien et on observe même que la France se situait perpétuellement dans une logique de riposte aux initiatives médiatiques algériennes", a-t-elle fait valoir.
Intervenant dans le débat qui a suivi l'exposé de Marie Chominot, l'historien Benjamin Stora a rappelé que pendant longtemps, on a cru que la guerre d'Algérie est une guerre sans images, "une sorte de préjugé qui considérait que cette guerre n'avait pas de représentation visuelle et qu'il y avait une impossibilité pratiquement à la représenter sur le plan des images".
"Or, l'exposé qui vient d'être présenté, nous montre le contraire à savoir qu'il y a eu pendant cette guerre un océan de photographies et de dessins et que par conséquent il y a une remise en question de ce stéréotype sur l'absence d'images", a-t-il dit.
"D'autres questions se posent à nous aussi", a-t-il cependant nuancé "On peut se demander, à titre d'exemple, pourquoi existe cette sensation d'absence d'images, pourquoi pendant toutes les années du conflit, ces images prises, montrant des atrocités commises, ne se sont pas imprimées dans les esprits et pourquoi on n'a pas d'images iconiques de la guerre d'Algérie comme il a pu en exister sur la guerre du Vietnam", s'est interrogé l'historien, ajoutant toutefois que "ce qui est important de dire est que l'image a joué un rôle très important, durant la guerre d'Algérie, dans le sens où une immense machine médiatique (coloniale) a été mise en échec".
"Quand on voit la machine de propagande mise en branle par la France, dès le début de la guerre d'Algérie, c'est déjà en soi une incroyable victoire que la mise en échec d'un tel appareil psychologique", a jugé Benjamin Stora.
"En dépit de cette immense machine médiatique française dans cette guerre inégalitaire, car la guerre inégalitaire se voit aussi par l'image, celle provoquée par cette machine de propagande ne l'a pas emporté dans le cœur des populations algériennes et c'est là que la victoire se manifeste sur la plan politique et diplomatique dans le camp des nationalistes", a-t-il conclu.
Docteur en histoire contemporaine, Marie Chominot est spécialiste des pratiques et des usages de la photographie pendant la guerre de libération nationale et des rapports entre photographies et histoire.
Le travail de recherche qu'elle a présenté au CCA est une synthèse de son doctorat de 3eme cycle qui sera édité en 2013 aux éditions Payot.


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