La France, qui peut se qualifier pour les quarts de finale de l'Euro 2012 même en perdant par un but d'écart, est tentée de mettre de côté ses principes mardi, lors de son ultime match de poule contre la Suède, pour mieux préparer la suite de la compétition. Co-leader du groupe D en compagnie de l'Angleterre avec quatre points, la France est en bonne position pour faire partie des huit derniers élus d'une grande compétition pour la première fois depuis 2006. L'idée de ménager certains joueurs très sollicités lors des deux premiers matches contre l'Angleterre (1-1) et l'Ukraine (2-0) ne peut pas laisser Laurent Blanc indifférent, même s'il se défend de tout calcul. "Les rencontres contre la Suède ont toujours été serrées et nous préparons cette rencontre avec tout le respect que nous inspire notre adversaire", affirme haut et fort le sélectionneur. Il a également à l'esprit qu'en terminant deuxième, la France disputerait son quart de finale "à domicile" à Donetsk, tout près de son camp de base, ce qui lui éviterait un nouveau transfert à Kiev. Les Bleus évolueraient de surcroît sur la pelouse de la Donbass Arena, qui est un peu devenue leur jardin et leur a plutôt réussi jusqu'à présent, malgré la chaleur et les orages. Penser à cet avantage du terrain comporte toutefois un risque, celui de rencontrer l'Espagne, championne d'Europe et du monde en titre, qui a fini première du groupe C après avoir battu la Croatie 1-0 lundi soir. A moins d'une démonstration anglaise contre l'Ukraine, une victoire sur la Suède offrira sans doute à la France la tête du groupe. Un match nul conjugué à un autre entre l'Angleterre et l'Ukraine qualifierait les hommes de Laurent Blanc et ceux de Roy Hodgson, mais la France terminerait première. Laurent Blanc doit également tenir compte des cartons jaunes reçus par Philippe Mexès, Mathieu Debuchy et Jérémy Ménez contre l'Ukraine. En cas de nouvel avertissement, ces trois-là seraient absents en quarts. Il est peu probable que "le Président" renonce à toucher à sa paire d'arrières centraux, au moment où Mexès retrouve un niveau de jeu satisfaisant et que son entente avec Adil Rami prend de la consistance. En revanche, il pourrait faire pour la première fois appel sur le flanc droit de la défense à Anthony Réveillère afin de faire reposer Mathieu Debuchy. Pour ménager Ménez, le sélectionneur va peut-être aussi donner sa chance sur le côté droit de l'attaque à Mathieu Valbuena, l'un des quatre joueurs de champ à n'avoir pas encore joué avec Réveillère, Laurent Koscielny et Blaise Matuidi. Enfin, le poste de milieu de terrain défensif pourrait échoir au Rennais Yann M'Vila, même si le Marseillais Alou Diarra est loin d'avoir démérité lors des deux premières rencontres. Il n'est pas dans la nature du sélectionneur de se livrer à des expérimentations lorsque l'avenir de son équipe n'est pas totalement assuré, mais Laurent Blanc a souvent insisté ces derniers temps sur la notion de concurrence, qu'il défend autant par principe que par nécessité. "Nous n'avons pas de grands joueurs, alors on fait jouer la concurrence ", disait-il lors du stage de préparation de l'équipe de France. C'était il y a plusieurs semaines maintenant, avant que la série de matches sans défaite ne passe à 23 et que les Bleus, arrivés un peu sur la pointe des pieds dans la compétition, ne se mettent à marcher d'un pas plus conquérant.