Moody's a abaissé jeudi soir les notes de crédit de 15 des principales banques mondiales, parmi lesquelles trois françaises, BNP Paribas, Société Générale et Crédit agricole. Cette annonce de l'agence de notation est la conclusion de la revue lancée en février. Moody's avait alors expliqué que les notes de ces grandes institutions ne reflétaient pas la dégradation des conditions de financement, l'élargissement des spreads de crédit, le durcissement de la réglementation et la détérioration des conditions d'activité. "Toutes les banques concernées par la décision d'aujourd'hui ont une exposition significative à la volatilité et aux risques de pertes considérables induites par les activités sur les marchés de capitaux", a expliqué dans un communiqué Greg Bauer, directeur général de la division Global Banking de Moody's. La note de BNP Paribas a été abaissée de deux crans à A2 contre Aa3, celle de la Société Générale d'un cran à A2 contre A1, avec, dans les deux cas une perspective stable. Quant à Crédit agricole, sa note a été abaissée de deux crans à A2 contre Aa3, mais la perspective, dans son cas, est négative. D'autres grandes banques ont également subi des déclassements de la part de l'agence de notation, parmi lesquelles Morgan Stanley, JPMorgan Chase & Co, Citigroup, Bank of America et Goldman Sachs, mais également Crédit suisse et UBS ou encore Deutsche Bank. Dans un communiqué, BNP Paribas a déclaré que cette décision "était anticipée puisque Moody's avait place BNP Paribas sous revue pour un éventuel abaissement pouvant atteindre deux crans." Un porte-parole de la Société Générale a de son côté refusé de commenter l'information. Moody's avait placé mi-février sous surveillance les notes de crédit de 17 grands noms de la finance internationale, expliquant alors que les notes de ces grandes banques d'investissement ne reflétaient pas la dégradation des conditions de financement, l'élargissement des spreads de crédit, le durcissement de la réglementation et la détérioration des conditions d'activité. Cette revue l'a déjà conduite à revoir à la baisse les notes du japonais Nomura et de l'australien Macquarie. Peu avant d'entamer cet examen, l'agence avait abaissé les notes souveraines de six pays européens, parmi lesquels l'Italie, le Portugal et l'Espagne. Les quatre mois qui se sont écoulés depuis ont été marqués par l'aggravation de la crise de la dette dans la zone euro, avec la crise politique en Grèce et les inquiétudes suscitées par le secteur bancaire espagnol. Dans ce contexte, les dégradations de note attisent néanmoins les tensions sur la liquidité bancaire. "Selon la profondeur de la dégradation, les banques pourraient être contraintes d'apporter plus de collatéral dans leurs opérations de financement", souligne un analyste financier. Les difficultés qu'ont éprouvé les banques européennes à se refinancer ont d'ailleurs obligé, en fin d'année dernière puis en février, la Banque centrale européenne à intervenir en injectant plus de 1.000 milliards d'euros de liquidités à trois ans (LTRO) dans le système bancaire européen. Selon certains analystes, ces opérations exceptionnelles d'apport de liquidités par la BCE pourraient dans le même temps limiter, au moins à court terme, l'impact des nouvelles dégradations de note des banques européennes. Certaines banques ont en effet profité de ces opérations pour replacer auprès de la BCE les liquidités empruntées, se constituant ainsi un matelas de réserve de financement. Début mai, lors de la présentation de ses résultats du premier trimestre, BNP Paribas indiquait qu'à fin avril, elle avait bouclé 75% de son programme de financement à moyen et long terme prévu sur l'année 2012. Pour le Crédit agricole SA, le programme de financement à moyen et long terme était bouclé à 74% à fin avril. La Société générale a de son côté fait savoir qu'elle avait levé 11,3 milliards d'euros de dette à la date du 23 avril, sur un programme de refinancement à moyen et long terme compris entre 10 et 15 milliards pour l'ensemble de l'année.