Le Front des forces socialistes (FFS) a réuni hier les membres de son conseil national à l'occasion d'une session ordinaire de deux jours tenue sous la présidence de Ali Laskri, premier secrétaire du parti. Les représentants de la presse étaient nombreux à se rendre hier matin au siège national du FFS pour couvrir «l'événement», sachant l'agitation qui secoue le parti ces derniers jours, accentuée par la sortie tonitruante des «anciens» ayant accusé mercredi dernier leur direction «de compromission avec le pouvoir». Toutefois, cette session ordinaire du plus vieux parti d'opposition s'est tenue à huis clos et les journalistes n'ont même pas pu assister à la lecture de l'intervention inaugurale de Ali Laskri marquant l'entame des travaux. Une intervention dont le contenu évoque d'entrée la situation d'instabilité que vit le parti au lendemain des dernières élections. A ce propos, Laskri a souligné que le FFS «essuie des attaques depuis que nous avons mis du mouvement dans le statu quo». Des «attaques» qui, selon lui, ont pour objectif «non pas une décision politique du parti, mais deux options apparemment contradictoires : réaliser une OPA sur le parti, ou, en cas d'échec, travailler à sa destruction». Du coup, «la direction est prioritairement ciblée et le président lui-même n'est pas épargné», ajoute le premier secrétaire du FFS tout en dénonçant ce qu'il qualifie de «feuille de route de militants félons» œuvrant à «salir le dernier des historiques, celui qui demeure un recours pour notre pays», ajoute-t-il. Laskri estime par ailleurs que le «parti se remobilise» après les dernières législatives, et ce, «en dépit de toutes les campagnes menées par certains organes de presse, quelques chaînes satellitaires et malheureusement d'anciens cadres du parti». Explicitement, le premier secrétaire du parti a tenu donc à réagir à la sortie cosignée par trois anciens premiers secrétaires du FFS qui ont violemment critiqué l'actuelle direction. Il s'agit de Mustapha Bouhadef, Ali Kerboua et Djoudi Mammeri qui, dans une déclaration commune datant de mercredi dernier, ont mis l'accent sur «la nécessité de mettre en échec les velléités d'inscrire le parti dans des stratégies claniques dans la perspective des prochaines élections présidentielles». En réponse à cette initiative qui vient accentuer davantage la crise qui secoue le FFS, Ali Laskri réplique en invitant ses auteurs à se présenter dans leurs fédérations respectives et à affronter les militants de la base. «Ces ex-militants en rupture avec le parti depuis près d'une décennie, je les défie de quitter leur retraite dorée et d'affronter les militants qui les ont portés et qu'ils ont honteusement abandonnés par la suite», a-t-il noté.
Réquisitoire contre la presse Dans son intervention d'hier, au début des travaux de la session ordinaire du conseil national du parti, le premier secrétaire du FFS ne s'est pas employé uniquement à répondre à ses détracteurs. Il s'en pris aussi à la presse, au sein de laquelle il dénonce ceux qu'il assimile à «des janissaires de la plume», ou encore auteurs «d'éditoriaux où le mensonge factuel le dispute à l'impudeur et à l'impudence des commentaires», a-t-il dit. Il déplore ainsi «qu'après les assassinats par balles, d'aucuns tentent aujourd'hui l'assassinat par la plume», déclare-t-il ajoutant que «cette presse-là a l'audace de se prétendre nationaliste, démocrate et indépendante». D'autre part, Laskri considère que le parti est sorti «renforcé de la dernière étape électorale» et qu'il entame désormais un nouveau départ dans le processus de sa construction». Le même intervenant estime en effet que «le FFS est aujourd'hui la pierre de touche de tout le processus électoral, des réformes démocratiques dans le pays, et sa stratégie politique va dans le bon sens». D'autre part, les membres du conseil national auront quant à eux à évaluer lors de cette session ordinaire du parti aussi bien la situation qui prévaut au FFS que les résultats des législatives du 10 mai. A ce propos, le premier secrétaire du FFS a souligné qu'«il est illusoire que le score hégémonique du FLN soit suffisant pour sortir des impasses du système, il y a urgence à prendre des mesures d'ouverture politique sérieuse».