S'il devrait une nouvelle fois animer le front de l'attaque face à la France en quart de finale de l'Euro-2012 samedi, Fernando Torres ne parvient pas dans ce tournoi à renouer avec la forme qui fut la sienne à l'Euro-2008 où l'Espagne commença à écrire son histoire. Même s'il a déjà fait mouche par deux fois lors de la phase de poules, face à la modeste Eire (victoire 4-0), l'attaquant aux mèches blondes peine à convaincre dans cet Euro aux avant-postes de l'équipe d'Espagne. L'époque où "El Nino" s'était converti en héros de la Roja, en inscrivant en finale de l'Euro-2008 le but de la victoire face à l'Allemagne (1-0) semble bien loin. Après une traversée du désert consécutive à son transfert de Liverpool à Chelsea en janvier 2011, le grand N.9 a partiellement remonté la pente en remportant la Ligue des champions cette saison avec les Blues. L'amélioration s'est ensuite poursuivie quand Torres, profitant du forfait de David Villa, a retrouvé son statut de titulaire au sein de la sélection, après s'être vu écarté ponctuellement du groupe (lors d'un match amical en février contre le Venezuela). Mais dans ce tournoi continental, les performances du "Kid" restent encore trop irrégulières. Si ses courses dans la profondeur sont toujours aussi redoutables, sa capacité à conclure l'est elle beaucoup moins. Sans doute, le choix de son sélectionneur Vicente Del Bosque de débuter face à l'Italie (premier adversaire de la Roja à l'Euro, 1-1), avec un système sans véritable N.9, a-t-il déstabilisé l'attaquant de 28 ans, qui a d'ailleurs raté deux grosses occasions après être entré en jeu. Pourtant, Torres affirme, comme avant le match contre la Croatie: "Je joue en pleine confiance et avec la confiance du coach. Il n'y a pas de raison pour penser que quelque chose a changé pour moi". Face aux Croates (1-0), justement, cette confiance a été toute relative: remplacé au bout d'une heure de jeu bien terne, il a ensuite eu à subir le même désaveu que face aux Italiens: voir son suppléant direct, Navas (après Fabregas), marquer dans un système sans véritable attaquant. Lourde tâche dans ces conditions pour "El Nino" de faire oublier sur cet Euro le meilleur buteur de la "Seleccion", David Villa, contraint de rester à la maison pour une fracture à un tibia en décembre dernier. Néanmoins, face à ces difficultés, Torres peut s'appuyer sur d'honorables états de service, avec 30 buts inscrits (en 96 sélections) qui en font le 3e meilleur réalisateur de l'Espagne. Et il peut encore tirer profit des doutes persistants concernant le système d'attaque avec un "neuf menteur", dans lequel Fabregas n'a pas donné plus de garanties. Et s'il doit par ailleurs subir la concurrence des deux autres avant-centres de métier de la Roja, Negredo (FC Séville) et Llorente (Athletic Bilbao), son but lors de la finale de l'Euro-2008 lui confère une aura de vainqueur dans les grands rendez-vous. A lui maintenant de prouver samedi à Donetsk contre la France, dont la défense sera remaniée -Mexès, suspendu, cédera sa place à Koscielny-, qu'il est justement toujours capable de fulgurances dans les moments-clés.