Les conditions dans lesquelles le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, devenu Aqmi) seront, fort probablement, évoquées dans les jours qui viennent, à la Cour d'Alger, à l'occasion de la tenue du procès du «muphti» de l'organisation terroriste. En effet, le procès de Touati Athmène, alias Abou El Abbès, «mufti» et juge du GSPC, a été programmé pour la session criminelle qui débutera aujourd'hui à la Cour d'Alger. D'abord «muphti» du GSPC, du temps où l'organisation terroriste était dirigée par Hassan Hattab, alias Abou Haydara, puis de Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, actuel «émir» national d'Aqmi, Touati Athmène était, rappelle-t-on, en 2010, en désaccord avec le nouvel «émir» national de l'organisation. Le désaccord serait l'allégeance autoproclamée par Abdelmalek Droukdel à Al Qaïda. Une allégeance non avalisée par «madjliss echoura» (sorte de conseil consultatif) du GSPC, dont fait partie Touati Athmène. Lui et d'autres membres du «madjliss echoura» avaient quitté cette instance interne du GSPC et s'étaient rendus aux services de sécurité. C'est le cas notamment de Abdelkader Benmessaoud, alias Mossaâb Abou Daoud, ex-«émir» de la zone 9 du GSPC, qui avait refusé l'allégeance à Al Qaïda et s'était rendu aux services de sécurité. Touati Athmène, qui avait rejoint le maquis en 1993, avait, avec Hassan Hattab et d'autres terroristes du Groupe islamique armé (GIA), créé en 1996 le GSPC. Comme plusieurs membres du «madjliss echoura», principale instance de l'organisation terroriste, il a refusé «l'allégeance» à Al Qaïda, annoncée, unilatéralement, par Abdelmalek Droukdel. Sa reddition avait été suivie le jour même par une autre repentance, celle d'un ancien terroriste du GIA, évadé de la prison de Tazoult, dans la wilaya de Batna. C' est pourquoi des détails pourraient être révélés au cours du procès autour de l'allégeance du GSPC à l'organisation terroriste d'Oussama Ben Laden. L'allégeance, intervenue à un moment où le GSPC était fortement acculé par l'Armée nationale populaire (ANP), cherchait une sorte «d'aide» de l'extérieur. Celle-ci pouvait venir, selon les calculs faits par Abdelmalek Droukdel, d'Oussama Ben Laden et de l'organisation terroriste qu'il dirigeait. L'actuel «émir» national d'Aqmi espérait un renfort en effectifs, armes et logistique pouvant lui servir à survivre aux opérations antiterroristes menées par l'ANP et les forces de sécurité. Quant à Al Qaïda, elle cherchait, par cette allégeance, à faire pression sur l'Occident, utilisant la carte GSPC pour faire croire que l'organisation d'Oussama Ben Laden pourrait menacer les intérêts des pays occidentaux. Par cette allégeance, annoncée de façon unilatérale, Abdelmalek Droukdel et ses acolytes cherchaient à utiliser le «label» Al Qaïda pour «enrôler parmi les djihadistes» des pays du Sahel. L'organisation terroriste, dirigée par Abou Mossaâb Abdelouadoud, trouvait d'énormes difficultés à «enrôler» en Algérie. Ce qui faisait dire à beaucoup d'observateurs que «l'allégeance, loin d'être suivie d'appartenance réellement structurelle et organique, était, surtout, d'ordre médiatique». Le seul émissaire d'Al Qaïda ayant fait le déplacement en Algérie, un certain Abdallah, avait, rappelle-t-on, été éliminé par l' ANP au début des années 2000, à l'est du pays. C'était au temps où le GSPC était dirigé par Hassan Hattab, selon des repentis. Abou El Abbès pourrait faire d'autres révélations sur l'actuel «émir» national d'Aqmi puisqu'il est considéré comme l'un des lieutenants de Abdelmalek Droukdel et en même temps son «homme de confiance», avant «l' allégeance» annoncée par un communiqué émanant d'Aqmi.