Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), un des groupes armés contrôlant depuis trois mois le nord du Mali, agira "avec fermeté et détermination" contre ceux qui collaboreront avec une force militaire appelée à intervenir dans la région, a menacé samedi un de ses chefs, Mokhtar Belmokhtar. "Nous prévenons chacun devant la tentation de tirer profit" de la situation actuelle dans le nord du Mali "en collaborant avec les forces étrangères qui guettent la région que nous ne resterons pas les bras croisés et que nous agirons en fonction de situation avec fermeté et détermination", a affirmé Mokhtar Belmokhtar dans un communiqué diffusé par l'Agence Nouakchott Informations (ANI), un média privé en Mauritanie. ANI a régulièrement publié par le passé des communiqués ou des déclarations de membres d'Aqmi sans jamais avoir été démentie. Mokhtar Belmokhtar, qui n'a pas cité de pays ou de groupe, séjourne depuis le 28 juin à Gao (nord-est du Mali), selon des témoins. Vendredi, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), autre groupe armé présent dans le nord du Mali, avait menacé de s'attaquer aux pays qui composeraient la force de 3.300 hommes dont l'Afrique de l'Ouest prépare depuis plusieurs semaines l'envoi dans ce pays. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a toutefois besoin, avec l'Union africaine (UA), d'un soutien international à une telle opération, et d'un appui notamment logistique des Etats-Unis et de la France. Un premier projet a été jugé beaucoup trop imprécis au Conseil de sécurité de l'ONU, et la Cédéao revoit sa copie. Les Etats-Unis mis en garde vendredi contre une "entreprise très lourde pour la Cédéao", qui devrait être "préparée très soigneusement et disposer de ressources en conséquence". Les islamistes, dotés d'un armement lourd acquis notamment en Libye à la fin du conflit, ont considérablement augmenté leur emprise face aux rebelles touareg depuis qu'ils ont pris ensemble le contrôle du vaste nord malien il y a trois mois, en profitant de la confusion créée par un coup d'Etat militaire le 22 mars. Outre Aqmi et le Mujao (issu d'Aqmi), le groupe Ansar Dine dirigé par un chef touareg malien, est aussi présent dans le Nord. Selon Mokhtar Belmokhtar, des hommes d'Aqmi ont été contraints de riposter les 26 et 27 juin face à des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) qui, a-t-il accusé, les avaient "sciemment agressés". La rébellion touareg a été engagée dans de violents affrontements avec le Mujao, qui l'a mise en déroute selon divers témoignages. Bilan: au moins 35 morts, selon une source hospitalière. Les violences ont éclaté le 26 juin, après que des rebelles touareg eurent tiré sur des manifestants protestant contre le meurtre la veille d'un élu local. Des hommes d'Aqmi "étaient à Gao d'abord pour protéger les populations compte tenu des nombreux différends existant entre les nombreuses tendances cohabitant dans la ville", a expliqué Mokhtar Belmokhtar. Visés, les jihadistes ont riposté contre la rébellion touareg pour se défendre, enregistrant un mort dans ses rangs et faisant un nombre indéterminé de morts, blessés et prisonniers chez les rebelles touareg, qui ont ensuite été libérés, d'après lui. "Nous ne cherchions pas par là à déclarer la guerre à quiconque" parmi les occupants actuels du nord du Mali, "nous ne serons avec aucune frange contre une autre, aucune tendance régionale, ethnique ou politique", a-t-il déclaré.